L’Inde risque d’être confrontée à de nouvelles coupures de courant cette année. Les stocks de charbon des compagnies sont à leur plus bas niveau depuis 9 ans. De plus, la demande d’électricité devrait augmenter à un rythme très élevé.
Des coupures qui se généralisent
Les coupures d’électricité pourraient étouffer l’activité industrielle de la troisième plus grande économie d’Asie. De plus, le contexte est à la reprise de l’activité économique après la pandémie de la COVID-19. La pénurie d’électricité, en pourcentage de la demande, a grimpé à 1,4 % au cours de la semaine dernière. Selon des données de Reuters, c’est supérieur au déficit de 1 % enregistré en octobre, lors de la dernière pénurie de charbon en Inde.
De plus, le problème est encore plus grave dans certaines régions du pays. L’État méridional de l’Andhra Pradesh abrite des usines exploitées par des constructeurs automobiles, tels que Kia Motors, et des fabricants de médicaments, tels que Pfizer. Il est confronté à un déficit d’électricité de 8,7 %, ce qui l’a poussé à recourir à des coupures de courant généralisées.
Les stocks de charbon dans les centrales électriques avaient un stock moyen de neuf jours au début l’exercice financier commençant le 1er avril. C’est le niveau le plus bas depuis au moins 2014. Les directives fédérales recommandent par ailleurs 24 jours de stocks moyens.
La pénurie de charbon inquiète
Le charbon représente près de 75 % de la production d’électricité du pays. Ainsi, il est totalement dépendant de son approvisionnement en charbon. Aujourd’hui, l’Inde est confrontée à une véritable pénurie de ce combustible. Rajiv Agarwal, secrétaire général de l’Association indienne des producteurs d’électricité captive, confie :
« Le problème est que, même après que Coal India et le ministère du charbon n’ont cessé de demander aux centrales électriques de stocker, les services publics n’ont cessé de réduire leurs stocks ».
De plus, une pénurie de trains pour livrer le charbon aux centrales électriques exacerbe également la crise de l’approvisionnement. Le nombre de trains engagés par les chemins de fer indiens est de 415 par jour. C’est moins que les 453 requis par les services publics. Ainsi, une augmentation proportionnelle de la production d’électricité pour répondre à la demande semble peu probable. En effet, les centrales électriques indiennes manquent de charbon pour maximiser leurs capacités de production.
Forte hausse de la demande d’électricité en Inde
La demande est en effet en forte hausse ces derniers temps. Selon des responsables du gouvernement indien, c’est l’augmentation au rythme le plus rapide depuis au moins 38 ans. Elle devrait monter en flèche en été, les responsables météorologiques prévoyant des températures maximales supérieures à la normale. Harry Dhaul, directeur général de l’Independent Power Producers Association of India, déclare :
« Un changement de temps sans précédent a entraîné une augmentation de la demande de pointe après minuit en raison de l’utilisation croissante de la climatisation ».
Ainsi, l’augmentation de la demande d’électricité cette année a déjà forcé l’Inde à réduire les fournitures de charbon au secteur non électrique. Coal India, qui produit 80 % du charbon indien, vise une augmentation de 4,6 % de l’approvisionnement des services publics pour éviter une pénurie. Toutefois, les prévisions de croissance de la demande d’électricité pourraient exiger un chiffre plus important.
De plus, les prix mondiaux du charbon sont à des niveaux élevés par rapport à l’an dernier. Selon Fitch Ratings,
« Les prix internationaux élevés du charbon limiteraient toute augmentation significative des importations de charbon ».
Ainsi, l’Inde pourrait ne pas être en capacité de répondre à la demande croissante en électricité. Sa forte dépendance au charbon dans le contexte actuel de tensions internationales joue clairement en sa défaveur. Le pays va donc devoir trouver une alternative pour limiter au maximum les coupures d »électricité. Celles-ci pourraient sinon avoir un impact négatif important sur l’économie du pays tout entier.