L’Inde a exprimé, ce jeudi à La Haye, son opposition à toute initiative visant à instaurer de nouvelles obligations internationales en matière de lutte contre le changement climatique. Cette déclaration intervient alors que la Cour internationale de justice (CIJ) mène une consultation globale pour formuler des directives climatiques à la demande des Nations unies.
Le représentant indien, Luther Rangreji, a insisté sur l’importance de ne pas déstabiliser l’équilibre atteint par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Selon lui, ce cadre bénéficie d’une acceptation quasi universelle et tient compte des divergences entre les nations industrialisées et celles en développement.
L’opposition à de nouvelles contraintes climatiques
Dans son discours, l’Inde a souligné ses propres engagements ambitieux, dont l’objectif de neutralité carbone d’ici 2070. Ce délai dépasse de vingt ans les échéances fixées par plusieurs nations occidentales. Le pays, qui abrite un sixième de la population mondiale, met en avant la double nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en poursuivant ses efforts pour éradiquer la pauvreté.
Cependant, l’Inde a exprimé son mécontentement face à ce qu’elle considère comme des manquements des pays développés. Ces derniers, selon New Delhi, n’ont pas respecté leurs engagements en matière de financement climatique ni fourni des technologies respectueuses de l’environnement.
Des tensions avec les petits États vulnérables
La position indienne a suscité des réactions mitigées, notamment de la part des petits États insulaires. Ces derniers, fortement exposés aux impacts du réchauffement climatique, réclament des actions juridiques et politiques renforcées. La France, présente aux audiences, a exprimé son soutien à ces demandes, soulignant ses attentes vis-à-vis de la procédure en cours.
Les débats devant la CIJ ont révélé une fracture entre les grandes puissances économiques, comme les États-Unis et la Chine, et les pays les plus vulnérables. Ces deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre ont également exhorté la Cour à limiter ses recommandations au cadre légal actuel.
Un avis consultatif non contraignant
L’avis consultatif de la CIJ, bien que non contraignant, pourrait influencer les futures négociations climatiques et renforcer la pression sur les États. Toutefois, sa portée dépendra largement de l’interprétation qui sera faite de ces recommandations par les juridictions nationales et les institutions internationales.
La procédure engagée à La Haye témoigne de l’urgence et de la complexité des débats sur le climat, où intérêts économiques, enjeux de justice climatique et respect des engagements internationaux se croisent.