articles populaires

L’Inde ambitionne de devenir un hub de technologies propres, mais fait face à des défis d’infrastructure et de politique

L’Inde vise à devenir un centre mondial de fabrication de technologies propres d’ici 2030, grâce à des politiques d’incitation. Cependant, des défis liés à l’innovation technologique, aux lacunes d’infrastructure et aux risques politiques pourraient freiner sa progression.

Partagez:

L’Inde aspire à jouer un rôle de premier plan dans la production mondiale de technologies propres pour soutenir sa croissance économique et réduire ses émissions de carbone. Le gouvernement a mis en place des politiques telles que le Production-Linked Incentive (PLI) pour attirer les investissements dans les modules solaires et les batteries, afin de répondre à la demande nationale et se positionner sur la chaîne d’approvisionnement mondiale de l’énergie propre.

Une politique de soutien à la fabrication locale

D’ici 2030, l’Inde s’est fixé des objectifs ambitieux pour le secteur des technologies propres. Le pays a mis en place diverses politiques visant à stimuler la fabrication locale. Parmi elles, on retrouve des taxes douanières sur les biens importés, la liste des fabricants et modèles approuvés, ainsi que des incitations directes à travers le PLI. Ces mesures encouragent la production nationale et l’innovation dans le secteur de l’énergie propre.

Grâce à ces politiques, la capacité de production de technologies propres en Inde devrait augmenter de manière significative d’ici 2030 : 107 GW pour les modules photovoltaïques (PV), 20 GW pour les nacelles éoliennes, 69 GWh pour les cellules de batteries et 8 GW équivalents pour les électrolyseurs. Cette croissance permettrait à l’Inde d’atteindre l’autosuffisance totale pour le PV solaire et l’éolien, ainsi qu’une autosuffisance à plus de 90 % pour les cellules de batteries d’ici 2030.

Nouvelles opportunités pour les exportations indiennes

En 2023, la demande de composants pour les technologies propres, tels que les modules PV solaires, les batteries, les turbines éoliennes et les électrolyseurs, a été largement comblée par les importations, dont 65 % provenaient de Chine. Pendant ce temps, la production locale indienne, bien que limitée, ciblait principalement les pays occidentaux, générant des prix plus élevés.

Avec la domination chinoise sur les composants de technologies propres, de nombreux marchés ont renforcé les barrières commerciales et les exigences de contenu local. Par exemple, les États-Unis ont imposé des droits antidumping et compensateurs élevés sur les importations de cellules et modules solaires chinois, et enquêtent actuellement sur les capacités de production des fabricants chinois en Asie du Sud-Est. En conséquence, l’Inde a considérablement augmenté ses expéditions de modules vers les États-Unis, atteignant 5 GW en 2023, soit 7,4 fois plus que ses exportations de 2022, gagnant ainsi des parts de marché sur les modules chinois.

Dans le secteur de l’éolien, la dynamique concurrentielle a également changé. Les fabricants de turbines occidentaux, historiquement dominants, peinent désormais à obtenir des commandes, tandis que le marché est de plus en plus dominé par deux entreprises locales et un fournisseur chinois de premier plan. Cette évolution a conduit à un défi unique : bien que l’Inde dispose d’une vaste capacité de fabrication de turbines, une grande partie reste sous-utilisée, tandis qu’une fraction plus petite de cette capacité fonctionne à pleine capacité.

Certains fabricants occidentaux ont déjà réorienté leurs usines en Inde vers l’exportation, tandis que d’autres envisagent cette option. Toutefois, cette transition nécessite des investissements supplémentaires de la part de ces entreprises, qui font déjà face à des difficultés financières. Leur priorité reste les marchés plus rentables en Europe et en Amérique du Nord, rendant l’engagement à transformer leurs opérations indiennes plus complexe.

Les coûts et le mix de produits parmi les défis de l’Inde

Même une augmentation substantielle de la capacité de fabrication pourrait ne pas suffire à accélérer les installations renouvelables nécessaires pour atteindre les objectifs ambitieux de l’Inde. Le secteur des technologies propres en Inde est encore à ses débuts et fait face à de nombreux défis : manque d’innovation technologique, pénurie de main-d’œuvre qualifiée, rareté des matières premières, infrastructures incomplètes, et risques liés à des politiques incohérentes et retardées.

Dans le secteur du PV solaire, l’Inde peine à atteindre les niveaux souhaités de production de polysilicium et de wafers. Par conséquent, le pays restera dépendant des importations pour combler ces lacunes, ce qui nuit à sa compétitivité en termes de coûts.

De plus, le mix de produits éoliens préféré en Inde ne correspond pas naturellement aux normes mondiales, ce qui nécessiterait des investissements supplémentaires pour adapter la base manufacturière aux exportations. Par ailleurs, alors que l’Inde se lance dans le développement de l’éolien offshore, des investissements supplémentaires dans la fabrication pourraient s’avérer nécessaires dans un marché déjà surapprovisionné, car l’infrastructure actuelle pour la production onshore n’est pas optimisée pour les projets offshore. Cependant, l’ampleur de ces investissements dépendra de l’entreprise qui remportera les contrats d’éoliennes offshore.

Les fabricants locaux entrant dans l’industrie des batteries en Inde devront consacrer du temps à développer et améliorer leurs capacités de production. Actuellement, les opérations de fabrication en Inde se limitent principalement à l’assemblage de packs de batteries. Ces fabricants sont confrontés à des obstacles importants, notamment des dépenses en capital élevées, des complexités technologiques et des défis pour sécuriser des matières premières essentielles. En l’absence d’un écosystème de chaîne d’approvisionnement pour les batteries, il est plus économique pour l’Inde d’importer des cellules de batteries lithium-ion d’autres pays.

Parallèlement, les objectifs de l’Inde en matière d’hydrogène paraissent excessivement ambitieux, reflétant les tendances observées au niveau mondial, avec un engouement considérable autour de l’hydrogène. Bien que la capacité des électrolyseurs en Inde devrait croître de manière significative d’ici 2030, le secteur de l’hydrogène électrolytique reste largement sous-développé, nécessitant une approche plus fondamentale. De plus, l’électrolyseur n’est qu’un composant d’une installation à hydrogène ; de nombreux autres éléments, tels que les transformateurs et les sources d’énergie renouvelable comme le solaire et l’éolien, sont essentiels. Ces composants supplémentaires retardent souvent les calendriers de projet, compliquant davantage le processus de développement global.

Publicite

Récemment publiés dans

Le gouvernement danois étudie la possibilité d’autoriser les nouvelles technologies nucléaires, un changement majeur de réglementation énergétique après quatre décennies d’interdiction.
Le gouvernement espagnol a confirmé qu’aucun signe de cyberattaque n’a été identifié après la coupure d’électricité du 28 avril, qui avait affecté une large partie de la péninsule Ibérique.
Le gouvernement espagnol a confirmé qu’aucun signe de cyberattaque n’a été identifié après la coupure d’électricité du 28 avril, qui avait affecté une large partie de la péninsule Ibérique.
Les autorités sud-africaines appellent à une approche qui intègre le développement économique et la protection de l'environnement, soulignant les déséquilibres globaux en matière de responsabilité climatique.
Les autorités sud-africaines appellent à une approche qui intègre le développement économique et la protection de l'environnement, soulignant les déséquilibres globaux en matière de responsabilité climatique.
La Commission européenne envisage de modifier des lois environnementales afin d’accélérer l’octroi des permis pour les projets d’énergies renouvelables à l’échelle de l’Union européenne.
La Commission européenne envisage de modifier des lois environnementales afin d’accélérer l’octroi des permis pour les projets d’énergies renouvelables à l’échelle de l’Union européenne.
L’autorité espagnole de la concurrence a lancé sa propre enquête sur la panne d’électricité du 28 avril, s’ajoutant aux investigations en cours sur un incident qui a perturbé 60% de la consommation électrique du pays.
Le régulateur allemand BNetzA a lancé une consultation sur une réforme majeure des tarifs de réseau qui pourrait obliger les producteurs d’électricité à payer des frais d’accès, modifiant ainsi la structure de financement actuelle.
Le régulateur allemand BNetzA a lancé une consultation sur une réforme majeure des tarifs de réseau qui pourrait obliger les producteurs d’électricité à payer des frais d’accès, modifiant ainsi la structure de financement actuelle.
Le Département de l’énergie des États-Unis achètera trois litres d’hélium-3 à Interlune d’ici 2029, dans le cadre du premier contrat public portant sur une ressource naturelle extraite de la surface lunaire.
Le Département de l’énergie des États-Unis achètera trois litres d’hélium-3 à Interlune d’ici 2029, dans le cadre du premier contrat public portant sur une ressource naturelle extraite de la surface lunaire.
L’Iran prévoit de limiter les coupures de courant à deux heures par jour pour les ménages à partir du 10 mai, afin d’atténuer les tensions sur le réseau électrique national provoquées par la hausse des températures.
L’Iran prévoit de limiter les coupures de courant à deux heures par jour pour les ménages à partir du 10 mai, afin d’atténuer les tensions sur le réseau électrique national provoquées par la hausse des températures.
Le gouvernement français confie à Bernard Fontana la direction d’EDF, misant sur son expérience industrielle pour gérer la fin de l’Arenh et relancer le programme nucléaire.
La nouvelle ministre allemande de l’Économie, Katherina Reiche, prévoit 20 gigawatts de centrales à gaz pour répondre aux limites des énergies renouvelables.
La nouvelle ministre allemande de l’Économie, Katherina Reiche, prévoit 20 gigawatts de centrales à gaz pour répondre aux limites des énergies renouvelables.
Le Premier ministre espagnol a demandé du temps pour établir les causes d’une coupure sans précédent, survenue le 28 avril, qui a privé le réseau péninsulaire de 15 gigawatts d’électricité.
Le Premier ministre espagnol a demandé du temps pour établir les causes d’une coupure sans précédent, survenue le 28 avril, qui a privé le réseau péninsulaire de 15 gigawatts d’électricité.
Le Premier ministre François Bayrou a assuré que la programmation énergétique 2025-2035 de la France restait en cours de concertation et ne serait finalisée qu’après les débats parlementaires prévus à partir du 16 juin.
Le Premier ministre François Bayrou a assuré que la programmation énergétique 2025-2035 de la France restait en cours de concertation et ne serait finalisée qu’après les débats parlementaires prévus à partir du 16 juin.
La réélection du gouvernement Albanese rassure les acteurs énergétiques qui réclament des ajustements réglementaires pour accélérer les projets et sécuriser l’investissement à long terme.
La SOGARA engage un programme de modernisation en deux phases pour accroître l'autonomie énergétique du pays d'ici 2030, avec un financement majoritairement externe.
La SOGARA engage un programme de modernisation en deux phases pour accroître l'autonomie énergétique du pays d'ici 2030, avec un financement majoritairement externe.
Le Suriname a lancé un programme de redistribution anticipée de ses revenus pétroliers, offrant une prime de $750 à plus de 570 000 citoyens, bien avant le début de la production offshore prévue en 2028.
Le Suriname a lancé un programme de redistribution anticipée de ses revenus pétroliers, offrant une prime de $750 à plus de 570 000 citoyens, bien avant le début de la production offshore prévue en 2028.
Une semaine après la méga-coupure, l’Espagne et le Portugal poursuivent leurs investigations sans conclusion technique, tandis que Madrid demande à la France d'accélérer les projets de liaisons transfrontalières.
Une semaine après la méga-coupure, l’Espagne et le Portugal poursuivent leurs investigations sans conclusion technique, tandis que Madrid demande à la France d'accélérer les projets de liaisons transfrontalières.
Le chef de l’opposition australienne propose un plan de sept réacteurs nucléaires, remettant en cause la politique énergétique actuelle à la veille des élections fédérales et relançant un débat suspendu depuis plus de deux décennies.
La Commission de régulation de l’énergie propose de réduire certaines cibles de production renouvelable, invoquant un décalage avec la progression plus lente de la demande d’électricité.
La Commission de régulation de l’énergie propose de réduire certaines cibles de production renouvelable, invoquant un décalage avec la progression plus lente de la demande d’électricité.
Candidat pressenti à la direction d’EDF, Bernard Fontana entend restaurer le dialogue avec les industriels électro-intensifs et piloter la relance du nucléaire tout en assurant la soutenabilité financière du groupe.
Candidat pressenti à la direction d’EDF, Bernard Fontana entend restaurer le dialogue avec les industriels électro-intensifs et piloter la relance du nucléaire tout en assurant la soutenabilité financière du groupe.
Deux jours après une coupure ayant affecté 60% de la consommation, le poids croissant des renouvelables dans le réseau espagnol suscite de vives critiques politiques et industrielles.
Deux jours après une coupure ayant affecté 60% de la consommation, le poids croissant des renouvelables dans le réseau espagnol suscite de vives critiques politiques et industrielles.
François Bayrou souhaite repousser la publication du décret énergétique français à la fin de l'été après l'examen parlementaire, sous la pression du Rassemblement national et d'une partie de la droite.
La Banque européenne d’investissement signe un prêt de plus de 525 millions € avec PGE pour développer des projets solaires et moderniser une centrale en Pologne.
La Banque européenne d’investissement signe un prêt de plus de 525 millions € avec PGE pour développer des projets solaires et moderniser une centrale en Pologne.
L’Argentine lance la privatisation d’Enarsa afin de redéfinir le rôle de l’État vers une régulation renforcée, ouvrant la voie à davantage d’investissements privés dans le secteur énergétique national, en pleine mutation industrielle et commerciale.
L’Argentine lance la privatisation d’Enarsa afin de redéfinir le rôle de l’État vers une régulation renforcée, ouvrant la voie à davantage d’investissements privés dans le secteur énergétique national, en pleine mutation industrielle et commerciale.
Le mouvement écologiste britannique Just Stop Oil a organisé samedi sa dernière marche à Londres, annonçant l'arrêt de ses actions spectaculaires contre les nouveaux projets pétroliers et gaziers au Royaume-Uni.
Le mouvement écologiste britannique Just Stop Oil a organisé samedi sa dernière marche à Londres, annonçant l'arrêt de ses actions spectaculaires contre les nouveaux projets pétroliers et gaziers au Royaume-Uni.

Publicite