L’Inde, troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre, poursuit ses objectifs climatiques dans un contexte de régulation internationale de plus en plus contraignant. Avec 4,4 milliards de tonnes équivalent CO2 émises en 2024, le pays se situe derrière la Chine et les États-Unis. Toutefois, son niveau d’émissions par habitant reste inférieur à celui des grandes puissances industrialisées.
Le gouvernement indien prévoit d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2070 et s’est engagé à réduire de 45% l’intensité de ses émissions d’ici 2030 par rapport à 2005. Ces engagements ont été formalisés dans le cadre de l’Accord de Paris et s’accompagnent de nouvelles exigences réglementaires à présenter à la COP30, notamment une feuille de route détaillée jusqu’en 2035.
Renforcement des engagements réglementaires sur l’énergie
New Delhi a annoncé que 50% de sa capacité de production électrique provenait désormais de sources renouvelables, en avance sur le calendrier de l’Accord de Paris. Toutefois, les données montrent qu’environ 75% de l’électricité consommée dans le pays est encore générée par des centrales à charbon. L’écart entre capacité installée et production effective soulève des enjeux réglementaires concernant la cohérence des trajectoires déclarées avec les résultats mesurés.
D’après le Centre for Science and Environment (CSE), la demande d’électricité en Inde pourrait doubler d’ici 2047. Le maintien d’un approvisionnement stable impose de sécuriser des investissements dans le charbon, tout en renforçant les obligations réglementaires sur les énergies renouvelables. Le taux d’adoption des véhicules électriques reste marginal, avec seulement 2,5% des ventes enregistrées en 2024, selon S&P Global.
Pressions multilatérales pour une feuille de route crédible
Dans le cadre des exigences de l’Accord de Paris, l’Inde doit soumettre une nouvelle feuille de route climatique détaillant ses objectifs à l’horizon 2035. Les régulateurs internationaux attendent des signaux clairs sur la trajectoire des émissions et la mise en œuvre de mécanismes de suivi. Le think tank Sustainable Futures Collaborative estime que New Delhi pourrait viser un pic d’émissions entre 2040 et 2045, tout en annonçant une réduction supplémentaire de l’intensité carbone de plus de 50%.
L’élaboration de cette feuille de route intervient alors que l’Inde envisage de publier deux scénarios, dont un dépendant du soutien financier international. Cette approche vise à ajuster ses obligations en fonction des ressources disponibles, dans un cadre réglementaire aligné sur les mécanismes de transparence prévus par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
Un cadre réglementaire contraint par la croissance économique
Les autorités indiennes doivent intégrer dans leur cadre réglementaire des objectifs de croissance, de réduction de la pauvreté et de sécurité énergétique. Selon le groupe E3G, les besoins de financement pour respecter ces engagements pourraient atteindre 21 000 milliards $ sur plusieurs décennies. Cette contrainte structurelle complexifie la mise en place de réglementations plus strictes sur les émissions.
Lors de la COP30, New Delhi prévoit de réclamer des engagements plus élevés de la part des pays industrialisés, soulignant leur responsabilité historique. L’Inde souhaite également inscrire les discussions dans un cadre réglementaire multilatéral renforcé, visant à garantir la transparence, la prévisibilité et un accès équitable aux ressources financières nécessaires à la transformation de son mix énergétique.