L’Inde mise sur la bioénergie pour renforcer son indépendance énergétique tout en réduisant ses importations de combustibles fossiles. Aujourd’hui, la bioénergie moderne représente 13 % de la consommation finale d’énergie du pays et devrait croître de manière significative au cours des prochaines années. Avec des cibles précises de mélange d’éthanol, de biodiesel et de biogaz comprimé (CBG), le gouvernement indien entend structurer son marché et maximiser son potentiel de ressources locales.
Une croissance soutenue par des objectifs précis
D’ici 2030, l’Inde ambitionne d’atteindre un taux de mélange de 20 % pour l’éthanol, de 5 % pour le biodiesel et de 5 % pour le CBG. En parallèle, le pays vise une co-combustion de 7 % de biomasse solide dans ses centrales au charbon d’ici 2026 et un mélange de 2 % de biocarburants pour l’aviation internationale. Ces mesures, accompagnées d’un soutien public sous forme de tarification garantie et d’aides à l’investissement, doivent structurer un secteur encore en développement.
Une demande en biomasse en forte augmentation
L’expansion de la bioénergie repose sur une augmentation significative de l’utilisation de la biomasse. Actuellement, l’Inde consomme 180 millions de tonnes de matières premières bioénergétiques par an, incluant la bagasse de canne à sucre, les résidus agricoles et les déchets solides et liquides municipaux. Pour répondre aux ambitions de croissance, cette consommation devra progresser de 50 % d’ici 2030, nécessitant des efforts d’optimisation des chaînes d’approvisionnement et d’innovation dans la collecte et la transformation des déchets.
Vers une modernisation du marché du biogaz
Le biogaz et le CBG occupent une place stratégique dans la politique énergétique de l’Inde. Leur demande devrait progresser de 25 % d’ici 2030, notamment grâce au développement des infrastructures de distribution de gaz. Cependant, l’organisation du marché du biogaz nécessite des précisions réglementaires, notamment en ce qui concerne les certificats de traçabilité du CBG. À l’image des systèmes européens et américains, l’Inde pourrait mettre en place une plateforme centralisée permettant de certifier la production et le commerce du biogaz, garantissant ainsi la transparence des transactions et le respect des normes environnementales.
Les défis d’une transition énergétique ambitieuse
Si les perspectives de croissance sont prometteuses, plusieurs défis demeurent. L’intégration de nouvelles matières premières, comme les huiles usagées ou les résidus agricoles non exploités, nécessite le développement de modèles économiques adaptés. Par ailleurs, le coût des technologies avancées de conversion de la biomasse reste un frein à leur adoption à grande échelle. Pour sécuriser sa transition bioénergétique, l’Inde devra donc renforcer ses politiques de soutien et assurer un cadre réglementaire stable et attractif pour les investisseurs.