L’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), connue pour son influence significative sur le marché mondial du pétrole, joue un rôle crucial dans les relations internationales, en particulier concernant le conflit israélo-palestinien. La récente interview de Mohamed Oun, ministre libyen du Pétrole, avec S&P Global Commodity Insights le 21 novembre, met en lumière la complexité de la position de l’OPEP face à la guerre en cours à Gaza.
Rappel Historique: L’Embargo de 1973
Oun souligne l’hétérogénéité de l’OPEP, composée de pays non-arabes, suggérant une réticence potentielle à soutenir un embargo pétrolier contre les soutiens d’Israël. Cette position diverge nettement de celle de l’Iran, membre vocal de l’OPEP, qui plaide pour un embargo pétrolier musulman. Toutefois, cette proposition a été rejetée par les producteurs du Golfe. La situation rappelle l’embargo pétrolier de 1973, lorsque les producteurs arabes avaient réduit leur production, augmenté les prix du pétrole et interrompu les livraisons aux États-Unis et à d’autres pays consommateurs en raison de leur soutien à Israël. Cet embargo avait provoqué une crise pétrolière mondiale sans précédent, quadruplant les prix et entraînant des pénuries d’essence aux États-Unis.
Les Appels à l’Action de la Libye
Oun, en tant que citoyen libyen, appelle les pays arabes à sanctionner Israël et ses soutiens occidentaux dans la guerre de Gaza, sans spécifier l’utilisation du pétrole comme arme.
« Tous les moyens pouvant exercer une pression sur la communauté occidentale pour qu’elle pousse Israël à arrêter ces massacres doivent être envisagés, »
déclare-t-il.
Les Réductions Volontaires de l’OPEP+
La majorité des politiciens libyens condamnent la guerre d’Israël à Gaza, mais aucun consensus n’a émergé concernant l’utilisation du pétrole comme moyen de pression. Toute décision libyenne de cette nature relèverait du gouvernement et non du ministère du Pétrole. Parallèlement, les appels iraniens pour un embargo interviennent dans un contexte où l’Arabie Saoudite et la Russie, co-dirigeants de l’OPEP+, ont déjà réduit leur production de pétrole.
Ces réductions volontaires, ajoutées aux coupes de 2 millions de barils par jour de l’OPEP+ débutées en novembre 2022, ont influencé le marché mondial. L’impact de ces décisions est palpable. La production de l’Arabie Saoudite, qui avait volontairement réduit sa production de 1,5 million de barils par jour depuis juillet, est tombée à 9 millions de barils par jour en octobre, un creux sur deux ans. La Russie, quant à elle, a réduit sa production d’exportation de 300 000 barils par jour.
L’OPEP, avec sa composition hétérogène et son influence sur le marché mondial du pétrole, se trouve au cœur des tensions géopolitiques actuelles. Alors que certains membres appellent à l’utilisation du pétrole comme arme politique, d’autres s’y opposent, soulignant les divergences au sein de l’organisation. La situation actuelle reflète non seulement les dynamiques internes de l’OPEP mais aussi l’interconnexion entre les ressources énergétiques et la politique mondiale.