La Russie subit les conséquences de la guerre en Ukraine sur son commerce de gaz avec l’Europe, une source de revenus majeure pour le Kremlin depuis des décennies. La combinaison des sanctions occidentales et de la décision de la Russie de réduire considérablement ses exportations d’énergie a eu un impact négatif sur les exportations d’énergie du pays. Si les sanctions ont affecté l’ensemble du commerce de l’énergie russe, les exportations de gaz ont été plus gravement touchées.
Les pertes pour l’économie russe
La guerre en Ukraine et les sanctions occidentales ont gravement touché l’économie russe, en particulier les exportations de gaz. Les exportations de gaz de la Russie ont été fortement réduites, avec des conséquences importantes pour les recettes du pays. Les chiffres montrent que les recettes d’exportation de Gazprom sont passées de 6,3 milliards de dollars en janvier 2021 à 3,4 milliards de dollars en janvier 2022. Selon les estimations de Reuters, combinées aux prévisions d’exportations et aux prix moyens du gaz, cela implique que ses revenus d’exportation de seront presque réduits de moitié cette année. Cette situation contribue au déficit budgétaire de 25 milliards de dollars enregistré par la Russie en janvier.
Le rôle de l’Europe
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a estimé que la Russie avait réduit de 80 % ses livraisons de gaz à l’Union européenne (UE) pendant les huit mois qui ont suivi le début du conflit en Ukraine. Par conséquent, à la fin de l’année dernière, la Russie n’a fourni que 7,5 % des besoins en gaz de l’Europe occidentale, contre environ 40 % en 2021. Avant le conflit, la Russie était convaincue de vendre plus à l’Europe, pas moins.
De plus, le transport a été affaiblie l’année dernière après des explosions sur les pipelines Nord Stream reliant la Russie à l’Allemagne. Le gazoduc long de plusieurs milliers de kilomètres a été la base du commerce de gaz entre la Russie et l’Europe jusqu’à l’année dernière. Cependant, l’UE représente désormais une part très faible de la consommation de gaz de la Russie. Les capacités de transport du gaz ont donc été sapées l’année dernière après des explosions mystérieuses survenues dans la mer Baltique au niveau du gazoduc Nord Stream. En conséquence, la Russie est en train de chercher de nouveaux débouchés pour son gaz, notamment en Chine, tout en cherchant à diversifier sa production de gaz. Cette situation a entraîné des pertes pour Gazprom et pose des défis pour l’économie russe en général.
Les enjeux des négociations de la Russie pour les ventes de gaz
Pour combler cette perte du marché européen, le Kremlin cherche à se diversifier. La politique de diversification des marchés du gaz de la Russie a commencé avant le début de la guerre en Ukraine, mais a pris de l’ampleur depuis. En octobre, Vladimir Poutine a proposé l’idée d’un hub de gaz en Turquie pour détourner les flux de gaz russe de la mer Baltique et de l’Europe du Nord-Ouest. Moscou cherche également à renforcer ses ventes de gaz de pipeline à la Chine, le plus grand consommateur d’énergie au monde et le principal acheteur de pétrole brut, de gaz naturel liquéfié (GNL) et de charbon.
Les approvisionnements ont commencé via le pipeline Power of Siberia fin 2019 et la Russie vise à augmenter les exportations annuelles à environ 38 milliards de mètres cubes à partir de 2025. La Russie a également un accord avec la Chine pour 10 milliards de mètres cubes supplémentaires par an provenant d’un pipeline à construire de l’île du Pacifique de Sakhaline, tandis que la Russie développe également des plans pour Power of Siberia 2 de la Sibérie occidentale, qui pourrait théoriquement fournir 50 milliards de mètres cubes supplémentaires par an à la Chine.
Les défis de la Russie
Cependant, la Russie doit faire face à de nombreux défis. Les négociations avec la Chine sur de nouvelles ventes de gaz sont attendues comme étant complexes, d’autant plus que la Chine n’est pas censée avoir besoin de gaz supplémentaire avant 2030, ont déclaré des analystes de l’industrie.
Gazprom et la Chine ont gardé secret leur accord sur le prix du gaz pour 2022. Ron Smith, analyste de la société de courtage BCS, basée à Moscou, s’attend à ce que le prix soit en moyenne de 270 dollars pour 1 000 mètres cubes, ce qui est bien inférieur aux prix pratiqués en Europe et au prix d’exportation de Gazprom de 700 dollars pour 1 000 mètres cubes prévu par le ministère russe de l’économie. Le GNL de Gazprom, qui peut être expédié partout dans le monde, a encore réduit le besoin de gaz par gazoduc. Cependant, les plafonds de prix occidentaux introduits en décembre et au début de cette année sont destinés à éroder davantage les revenus de la Russie.
La Russie est également confrontée à une concurrence bien plus importante qu’auparavant de la part de l’énergie renouvelable, tandis que le monde cherche à limiter l’impact du changement climatique, ainsi que de l’approvisionnement concurrentiel en gaz de pipeline vers la Chine, notamment en provenance du Turkménistan. Le GNL, qui peut être expédié n’importe où dans le monde, a également réduit la nécessité de gaz de pipeline.
La Russie fait face à des défis considérables pour compenser les pertes subies en raison de la guerre en Ukraine et des sanctions occidentales. Les exportations de gaz de la Russie ont été fortement réduites, ce qui a entraîné une baisse significative des revenus du pays. La Russie tente désormais de diversifier ses marchés de gaz, notamment en Chine via le pipeline Power of Siberia, et est engagée dans la construction d’un nouveau pipeline vers la Turquie et l’exploitation possible d’un autre pipeline vers la Chine. Malgré les efforts pour trouver de nouveaux partenaires commerciaux, l’Europe reste le plus grand consommateur et fournisseur d’énergie pour le Kremlin. S’ils réussissent à remplacer leurs pertes par de nouvelles ventes, ils pourront maintenir leur position économique et politique sur le plan international.