Le préfet de Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Christophe Mirmand, a validé un tracé préliminaire pour une ligne à très haute tension de 400 000 volts sur 65 kilomètres entre Jonquières-Saint-Vincent (Gard) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Ce projet vise à renforcer la capacité électrique de la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, où la demande en électricité devrait doubler dans les prochaines années. Cette croissance est principalement attribuée aux efforts de décarbonation du site, l’un des plus émetteurs de gaz à effet de serre en France, et à l’implantation de nouvelles activités industrielles à faible empreinte carbone.
Le tracé validé par les autorités contourne les villes de Beaucaire et Arles par l’ouest, traversant une partie de la réserve naturelle de la Camargue. Ce choix de fuseau, qualifié de « moindre impact » par le préfet, devra encore être affiné avant d’aboutir au tracé définitif. Le préfet Mirmand a assorti cette validation de quatre demandes spécifiques, incluant la tenue d’un débat public global sur l’ensemble des projets industriels régionaux et une évaluation approfondie des besoins futurs en électricité. Ces conditions devront être remplies avant que la demande de déclaration d’utilité publique soit soumise.
Oppositions et tensions locales persistantes
Le projet, bien qu’indispensable pour la modernisation du site de Fos-sur-Mer, fait l’objet d’une vive opposition dans les communautés locales. Plusieurs collectifs, notamment « Stop THT 13/30 », accusent les promoteurs du projet de ne pas tenir compte des impacts environnementaux sur la Camargue et d’imposer un tracé jugé trop intrusif. Isabelle Gex, membre de ce collectif, critique le processus de concertation comme une « mascarade », estimant que les préoccupations locales n’ont pas été correctement intégrées.
Les élus locaux partagent en grande partie cette méfiance. Patrick de Carolis, maire d’Arles, voit dans ce fuseau un « nœud coulant » pour son territoire, susceptible de pénaliser le développement économique de la région. Il déclare soutenir la décarbonation de l’industrie, mais pas au détriment de la préservation du patrimoine local et des activités agricoles.
Réactions du secteur agricole
Le secteur agricole, représenté par le syndicat FNSEA, exprime également de fortes réserves. Laurent Israelian, secrétaire départemental, déplore que le projet traverse des zones protégées où les agriculteurs sont déjà soumis à des restrictions sévères. Il considère que RTE, gestionnaire du réseau, bénéficie d’une liberté d’action disproportionnée, pouvant imposer ses choix sans contrepartie adéquate. Cette position est partagée par de nombreux exploitants, inquiets pour l’avenir de leurs activités dans cette région déjà soumise à de fortes contraintes environnementales.
RTE, conscient des tensions, a promis d’étudier des mesures de compensation, notamment financières, pour atténuer les impacts du tracé sur les exploitations agricoles. Christophe Berassen, directeur du développement et de l’ingénierie Méditerranée de RTE, a réaffirmé l’engagement de l’opérateur à trouver un équilibre entre les impératifs industriels et la protection des intérêts locaux.
Calendrier et perspectives
Le projet, bien qu’encore en phase de concertation, vise un début des travaux en 2027, sous réserve des autorisations administratives. Selon le calendrier prévisionnel, la ligne à très haute tension devrait être opérationnelle d’ici 2030. Elle répondra aux besoins croissants des industriels implantés à Fos-sur-Mer, tout en facilitant l’intégration de nouvelles infrastructures énergétiques plus respectueuses de l’environnement.
Les groupes d’opposants ont déjà annoncé leur intention de porter le dossier devant les tribunaux si les autorités persistent dans ce tracé. Le préfet Mirmand, tout en restant ouvert aux négociations, estime que le projet est essentiel pour l’avenir énergétique de la région. Le débat se poursuit donc autour de la capacité de ce tracé à concilier développement industriel et respect des enjeux territoriaux.