L’IEA met en garde les États contre la hausse problématique de la demande de gaz dans son dernier rapport. Si aucun effort n’est fait dans les prochaines années, le seuil de l’Accord de Paris ne sera pas respecté.
IEA : les prix du gaz sont au plus haut depuis 2013
En 2021, la demande de gaz a augmenté de 3,6%. Ce rebond devrait durer jusqu’en 2024, compensant ainsi l’énorme baisse due aux restrictions liées à la pandémie. La hausse des températures que connaît actuellement une grande partie du monde explique le besoin en électricité. En effet, l’hémisphère nord-américain ayant une forte demande en climatisation, le stock s’amenuise rapidement. Certaines régions font ainsi des réserves.
Les prix du gaz ont, eux aussi, atteint des records. Le rapport Gas Market Report, Q3-2021 de l’Agence Internationale de l’Énergie (IEA) précise que les prix du gaz atteignent leur plus haut niveau depuis 2013 en Europe. Idem en Asie, où les prix du gaz naturel liquéfié (GNL) devraient atteindre 11$/MBtu, soit leur plus haut niveau depuis 2014.
1,7% d’augmentation de la demande par an
Selon les estimations, la demande en gaz devrait s’établir à 1,7% par an. Si cette hausse de la demande en gaz inquiète, c’est parce qu’elle va à l’encontre de l’Accord de Paris. Ceux-ci prévoient des objectifs de zéro émission carbone d’ici à 2050 et une hausse de la température limitée à 1,5 degré. 190 pays les ont signés et se sont engagés à tout mettre en œuvre pour les respecter.
Trouver des substituts aux infrastructures gazières
L’IEA prévient que si rien n’est fait rapidement, il sera impossible d’atteindre des émissions nulles d’ici à la moitié du siècle. En mai 2021, l’Agence a publié une nouvelle feuille de route afin de respecter l’objectif des 1,5 degré. Elle explique ainsi que les investisseurs ne doivent plus financer de nouveaux projets qui sont approvisionnés en énergies fossiles.
Les demandes actuelles peuvent être largement remplies par des projets déjà en cours, sans avoir besoin d’en construire de nouveaux. Ainsi, des projets de développement ante-pandémie initiés en Russie ou au Moyen-Orient pourraient suffire. L’IEA propose également de se tourner vers les sources de gaz de schiste américaines et principalement le (GNL).
Toutefois, la hausse de la croissance de la flotte de méthaniers utilisés pour transporter le GNL n’est pas sans contrepartie. Les industries gazières doivent s’attaquer dès maintenant aux fuites de méthane régulièrement constatées.
Mettre en œuvre des politiques proactives
Toutefois, c’est avant tout aux États de mettre en place des mesures politiques fortes pour freiner la demande à long-terme. En effet, la hausse du gaz n’est pas la seule problématique à laquelle ceux-ci seront bientôt confrontés. L’IEA prévoit que si jamais la demande de gaz vient à stagner, elle sera remplacée par d’autres combustibles fossiles.
Elle affirme également que dans le secteur de l’électricité en Asie-Pacifique, le charbon et le pétrole seront prépondérants. De nouvelles mesures sont ainsi nécessaires pour éviter que ces projections ne se réalisent. Keisuke Sadamori, directeur des marchés de l’énergie à l’IEA, affirme qu’une utilisation efficace et raisonnée du gaz est essentielle. Celle-ci doit être promue par des politiques publiques nationales cohérentes et coordonnées.
Le constat de l’IEA est sans appel. Face à la hausse de la demande de gaz constatée cette année, des mesures de substitutions doivent être imaginées. Il s’agit donc de trouver un équilibre entre prospérité économique à court-terme et préservation de l’environnement à long-terme.