L’Agence Internationale de l’Énergie (IEA) révise à la baisse sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2024, à 910 000 barils par jour (b/j), contre une estimation antérieure de 970 000 b/j. Cette réduction reflète les signaux d’un ralentissement significatif de l’économie chinoise et une transition rapide vers des carburants alternatifs. En revanche, l’estimation de la croissance de la demande pour 2025 reste inchangée à 950 000 b/j. L’IEA anticipe un plateau de la demande globale de pétrole d’ici la fin de la décennie, en raison de changements structurels persistants.
Le ralentissement chinois est un facteur central dans cette révision. L’IEA prévoit désormais une croissance de la demande de pétrole en Chine de seulement 180 000 b/j pour 2024, une révision à la baisse par rapport à la prévision précédente de 300 000 b/j. Cette baisse est liée à une diminution de la consommation observée pendant quatre mois consécutifs jusqu’en juillet, contrastant avec une hausse de 1,5 million b/j en 2023. Ce déclin s’explique par un ralentissement économique général et une transition accrue vers des énergies alternatives.
Substitution énergétique et ralentissement économique
La Chine voit sa demande de pétrole s’affaiblir, notamment en raison de l’essor rapide des véhicules électriques (VE) et du développement intensif de son réseau ferroviaire à grande vitesse. La substitution des carburants traditionnels par des solutions plus durables contribue à cette tendance. Le pays connaît également une baisse de la demande pour les voyages aériens domestiques, réduisant la consommation de kérosène. Le ralentissement économique global et la faible consommation de pétrole en Chine indiquent que le pic de la demande mondiale pourrait être atteint plus tôt que prévu.
Dans les pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), la contraction continue de la demande est due à une croissance économique atone et à des défis structurels. Les tendances actuelles confirment l’attente de l’IEA d’une stabilisation de la demande mondiale d’ici la fin de cette décennie, reflétant un marché de plus en plus influencé par la transition énergétique et les politiques de décarbonation.
Dynamique contrastée dans les économies émergentes
La situation est différente dans d’autres économies émergentes qui continuent de stimuler la demande mondiale. Au Brésil, la consommation de pétrole continue de croître, soutenue par un secteur agricole robuste qui favorise la demande de carburant pour les transports et les machines agricoles. En Inde, la demande de pétrole devrait croître de 200 000 b/j en 2024, surpassant celle de la Chine et devenant ainsi le principal moteur de la demande mondiale. Cette dynamique contraste avec les prévisions plus conservatrices de l’OPEP, qui estime une croissance de la demande à 2 millions b/j pour 2024, ainsi qu’avec les prévisions de S&P Global Commodity Insights, qui prévoient une hausse de 1,5 million b/j pour la même période.
Équilibre de l’offre et défis de production
Sur le plan de l’offre, l’IEA estime la capacité de production excédentaire du groupe OPEC+ (hors Iran et Russie) à 5,7 millions b/j en août. Les dépassements des quotas de production par certains pays, notamment l’Irak avec 470 000 b/j et les Émirats Arabes Unis avec 390 000 b/j, illustrent la complexité de maintenir l’équilibre de l’offre dans un contexte de demande fluctuante.
La variation des prix du pétrole reflète ces ajustements de l’offre et de la demande. Le Brent de la mer du Nord, référence mondiale, a été évalué à 71,08 $/b le 11 septembre, en légère hausse de 52 cents sur la session, selon les données de Commodity Insights. Ce niveau de prix est influencé par des facteurs géopolitiques et économiques, y compris les politiques de production des membres de l’OPEC+ et l’évolution de la demande dans les économies émergentes.
Les révisions de l’IEA mettent en lumière un marché pétrolier en mutation, où les transitions énergétiques et les changements économiques globaux créent un environnement complexe. La croissance de la demande de pétrole est de plus en plus incertaine, alors que les pays adaptent leurs politiques énergétiques pour répondre aux objectifs de décarbonation tout en naviguant dans un paysage économique instable.