La National Oil Company (NOC) de Libye déclare la force majeure sur le champ pétrolier d’El-Feel, une installation clé avec une capacité de 70 000 barils par jour (b/j). Ce développement survient dans un climat tendu marqué par des luttes internes entre le gouvernement de l’Est et celui de Tripoli au sujet de la direction de la Banque centrale. Ce blocage pèse lourdement sur la production nationale de pétrole, déjà en baisse depuis la fermeture des infrastructures à la fin du mois d’août.
Les fermetures, initiées par les autorités de l’Est, visent à contester la tentative du gouvernement de Tripoli de remplacer le gouverneur de la Banque centrale, Siddiq al-Kabir. Ce conflit de gouvernance entraîne des perturbations majeures dans l’exportation de pétrole, compromettant la stabilité énergétique de la Libye. Depuis la mise en place de ces restrictions, la production nationale chute à environ 591 000 b/j, contre 1,2 million b/j en juillet.
Impact sur la production et distribution de pétrole
Les tensions internes ont conduit à une réduction notable de la production libyenne. Les champs de Mesla, Nafoura et Sarir, sous contrôle de l’Arabian Gulf Oil Company, ont repris leurs activités, permettant de restaurer jusqu’à 230 000 b/j. Cependant, cette reprise reste limitée et ne compense pas l’arrêt des autres champs et ports. L’objectif principal de cette reprise est de répondre à la pénurie de carburant qui s’aggrave dans tout le pays, provoquant des files d’attente de plusieurs kilomètres devant les stations-service.
Les raffineries en Méditerranée et en Europe du Nord-Ouest, qui avaient favorisé le brut léger libyen, doivent maintenant se tourner vers d’autres sources d’approvisionnement. Les conditions météorologiques défavorables ont également compliqué les livraisons de produits raffinés, renforçant la volatilité du marché pétrolier libyen.
Enjeux politiques et contrôle des ressources
La Libye reste divisée entre deux administrations rivales depuis la fin de la guerre civile. Cette division politique se reflète dans le secteur énergétique, où chaque camp utilise le contrôle des ressources comme levier de pouvoir. Le général Khalifa Haftar, acteur majeur de l’Est, contrôle plusieurs sites de production et influence directement les décisions stratégiques. En août, l’un de ses fils ordonne la fermeture du champ de Sharara, le plus grand du pays, entraînant une déclaration de force majeure de la NOC.
La Banque centrale, qui gère les revenus pétroliers, se trouve au cœur de cette crise. Le gouverneur actuel, Siddiq al-Kabir, contesté par le gouvernement de Tripoli, quitte le pays par crainte de milices armées. Cette situation complique la gestion des flux financiers liés aux exportations de pétrole et empêche la mise en place d’une stratégie énergétique cohérente.
Perspectives incertaines pour le secteur énergétique
Les perturbations récentes montrent que sans résolution du conflit sur la gouvernance de la Banque centrale, la Libye restera vulnérable à des interruptions fréquentes de sa production de pétrole. Les acteurs du secteur énergétique surveillent de près l’évolution de la situation politique, car elle détermine directement la stabilité des approvisionnements en brut libyen. Les perspectives d’une solution durable semblent limitées tant que les intérêts divergents des différentes factions continuent de prévaloir.