L’intelligence artificielle (IA) redéfinit les contours du secteur énergétique mondial, mais son développement rapide soulève des questions cruciales sur son impact environnemental. Mercredi 4 et jeudi 5 décembre 2024, Paris accueille une conférence internationale organisée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), visant à analyser les implications de l’IA pour l’énergie et le climat. Cette initiative inédite réunit plus de 200 experts, industriels, décideurs politiques et géants technologiques de 25 pays.
L’objectif principal est de discuter « des deux faces de la médaille » : les opportunités offertes par l’IA pour une gestion optimisée des ressources énergétiques et les défis environnementaux liés à sa forte consommation électrique. Selon l’AIE, les centres de données, piliers des technologies d’IA, représentent actuellement 1 % de la consommation mondiale d’électricité. Dans certaines régions, comme en Irlande ou en Virginie (États-Unis), cette proportion dépasse déjà 20 %.
Optimiser les ressources grâce à l’IA
Malgré son empreinte énergétique croissante, l’intelligence artificielle est également perçue comme un outil puissant pour améliorer l’efficacité du système énergétique. Les technologies d’IA permettent de réguler la consommation électrique des bâtiments, d’optimiser la production des énergies renouvelables et d’accélérer les recherches sur des batteries électriques moins gourmandes en ressources rares. Ces avancées pourraient transformer en profondeur la transition énergétique mondiale.
Cependant, l’essor des solutions numériques amplifie la pression sur les infrastructures existantes. La concentration géographique des centres de données, notamment aux États-Unis, en Europe et en Asie, crée des tensions sur les réseaux électriques et ralentit les projets de raccordement, selon l’AIE.
Une réponse à l’urgence climatique
Les acteurs de la technologie, tels que Google, Microsoft et Amazon, intensifient leurs efforts pour alimenter leurs centres de données avec des énergies décarbonées comme l’éolien, le solaire et désormais le nucléaire. En cinq ans, les émissions de CO2 de Google ont bondi de 48 %, soulignant l’urgence d’une transition vers des modèles énergétiques plus durables.
L’AIE appelle à une coopération renforcée entre les secteurs de l’énergie, de la technologie et les décideurs politiques pour relever ces défis. Toutefois, comme l’explique Siddharth Singh, de la direction des prévisions de l’AIE, les données disponibles restent insuffisantes pour anticiper pleinement l’impact de l’IA : « Nous savons combien de voitures électriques sont produites chaque année, mais estimer le nombre de centres de données en construction est encore complexe ».