L’hydrogène Koweïtien devrait devenir, par la force des choses, la référence en matière d’hydrogène décarboné de la région du golfe Persique. En effet, puisque si l’émirat souhaite développer ses capacités hydrogéniques, ses trop peu importantes réserves de gaz naturel le pousse directement au développement d’hydrogène dit « vert », c’est-dire à base d’énergies renouvelables.
L’hydrogène Koweïtien : sauter le bleu pour de l’hydrogène vert
L’hydrogènes apparaît comme un outil potentiel pour opérer une transition énergétique. Dans cet objectif, on distingue deux types d’hydrogène : l’hydrogène bleu et l’hydrogène vert.
L’hydrogène bleu est obtenu à partir du gaz naturel, duquel on sépare hydrogène et dioxyde de carbone, stocké et traité grâce au stockage et à la capture du carbone (CCUS). L’hydrogène vert, lui, est obtenu par électrolyse grâce à de l’énergie renouvelable.
Le Koweït ne dispose pas de réserves de gaz naturel
Traditionnellement, un pays qui cherche à faire sa transition cherchera d’abord à produire de l’hydrogène bleu à partir de gaz naturel avant de passer à l’hydrogène vert. Dans la région, qui concentre des pays producteurs d’hydrocarbure, l’hydrogène bleu est même souvent exporté. Néanmoins, le Koweït ne dispose pas de ressources de gaz naturel importantes, et est donc un importateur net. C’est pourquoi le pays cherche à directement développer l’hydrogène vert.
L’hydrogène Koweïtien à la recherche de compétitivité
L’électrolyse, le procédé de production de l’hydrogène vert, est un processus coûteux, notamment au Moyen Orient. Ce coût élevé de production dépend en effet de plusieurs facteurs, notamment le coût des énergies renouvelables, la masse d’énergie disponible et le coût du procédé même.
Le rapport de l’Oxford Institute for Energy Studies compare ainsi le prix de deux techniques d’électrolyse, le procédé PEM (Polymer Electrolyte Membrane) et le procédé SOEC (Solid Oxide Electrolysis Cells). Outre un prix actuel déjà plus bas pour le PEM par rapport au SOEC, la projection de l’évolution des prix montre un futur avantage substantiel en faveur du PEM d’ici à 2032.
Un pari technique, économique et politique
Une grande partie de la réflexion autour de l’hydrogène vert est une réflexion prospective. Elle repose notamment sur des paris technologiques. On estime que d’ici 2050, le progrès technologique aura permis l’amélioration des électrolyseurs. Notamment en diminuant leur consommation d’énergie, en rallongeant leur durée de vie, en diminuant leur coût et en améliorant leur efficacité.
L’un des facteurs principaux de compétitivité de l’hydrogène est son prix par rapport aux énergies fossiles. Ainsi, on considère que l’hydrogène doit atteindre un prix de 1500 dollars le kilo pour pouvoir être plus avantageux que les énergies fossiles.
Un tel prix requiert en effet une baisse de 50% du prix du renouvelable. Mais aussi une réduction de 75% du prix des électrolyseurs. Cette projection, bien qu’ambitieuse, ne paraît pas irréaliste. D’ici 2030, on estime en effet que le coût de l’énergie et le coût en capital nécessaire à l’acquisition des machines aura fait baisser le prix de 60%.
Le Koweït à du potentiel renouvelable
Le prix de l’énergie est la variable principale du coût de production de l’hydrogène. Le socle de cette stratégie de développement est donc le parc renouvelable Koweïtien. Le Koweït dispose d’un potentiel renouvelable intéressant.
Sur le plan solaire, le Koweït est l’une des régions les plus ensoleillées du monde. Elle est également l’une des plus productives sur le plan photovoltaïque. Pour ce qui est de l’éolien, la région de Shagaya est idéale pour l’implantation de parcs éoliens, avec un vent de 5m/s.
Inciter les investisseurs
L’un des leviers politiques de la transition énergétique serait donc de favoriser les investissements dans ces régions. Mais aussi d’en renforcer les capacités déjà existantes. Un changement d’échelle en termes de production d’énergies renouvelables assurerait une production d’hydrogène décarboné.
L’Oxford Institute préconise également le développement de nouvelles techniques prometteuses, notamment en utilisation directe de panneaux photovoltaïques. Un investissement sur les capacités d’exportation de l’hydrogène permettrait également de développer un marché d’exportation qui attirerait les investissements.
De manière générale, une politique de construction d’infrastructures est recommandée, tout comme une politique fiscale d’incitation.