L’extension du pipeline Trans Mountain, qui a triplé sa capacité de transport à 890 000 barils par jour (bpd), permet au Canada de maintenir ses exportations de pétrole vers les États-Unis, même en cas de perturbations majeures des réseaux ferroviaires. Cette capacité accrue est essentielle dans un contexte où Canadian National Railway (CN) et Canadian Pacific Kansas City (CPKC) pourraient cesser leurs activités en raison d’une grève imminente. Alors que le transport ferroviaire de brut a diminué ces dernières années, l’infrastructure pipelinère absorbe efficacement le flux pétrolier, réduisant ainsi le risque de perturbation pour le secteur.
Les exportations de pétrole brut par rail ont chuté à leur niveau le plus bas depuis 2020, avec une moyenne de 55 000 bpd en mai. Cela témoigne d’une dépendance moindre envers le transport ferroviaire pour le brut, rendant l’impact potentiel d’une grève moins préoccupant pour les opérateurs. Le marché reste stable, les prix du Western Canadian Select (WCS) affichant des écarts réduits par rapport au West Texas Intermediate (WTI), un signe que les acteurs du marché ont confiance en la robustesse des infrastructures existantes.
Réactions du Secteur et Gestion des Risques
Les entreprises énergétiques comme Cenovus Energy et ConocoPhillips Canada ont anticipé les éventuelles perturbations en mettant en place des plans d’urgence pour assurer la continuité de leurs opérations. La stabilité des prix, avec un écart de seulement 12,25 $ le baril pour le WCS en septembre, reflète cette préparation et la capacité du secteur à s’adapter rapidement aux changements.
En parallèle, la maintenance des raffineries américaines dans le Midwest, principal débouché du pétrole canadien, contribue à libérer de la capacité dans les pipelines, permettant de gérer efficacement les volumes supplémentaires. Cette flexibilité logistique, combinée à la capacité accrue de Trans Mountain, assure une stabilité relative du marché pétrolier canadien, même dans un contexte de crise ferroviaire.
Implications pour les Produits Raffinés et le Secteur Ferroviaire
Le secteur du propane, qui dépend fortement du rail pour ses livraisons, pourrait être le plus touché en cas de grève prolongée. AltaGas, exploitant du Ridley Island Propane Export Terminal en Colombie-Britannique, a déjà stocké des réserves pour pallier les retards potentiels. Les raffineries de diesel situées en Alberta, telles que celles d’Imperial Oil et de Suncor Energy, ont également mis en place des stratégies pour éviter toute interruption de leurs chaînes d’approvisionnement.
Le marché de l’essence, principalement desservi par des pipelines, devrait rester stable, même si les opérations ferroviaires sont perturbées. Cette situation met en lumière l’importance stratégique des pipelines dans le maintien des flux énergétiques, réduisant la vulnérabilité du secteur face aux crises logistiques.