L’Europe veut contenir les prix de l’énergie. Alors que la crise énergétique se poursuit, elle prépare un plan d’urgence pour limiter la flambée des prix de l’énergie. Cela consisterait notamment à séparer les prix de l’électricité des prix du gaz. L’UE prévoit également de mettre en place des réformes à long terme visant à indexer davantage le prix de l’électricité sur celui des énergies renouvelables.
Ces mesures ont pour objectif d’alléger la facture pour les ménages et les entreprises. Pour établir ce plan et ces nouvelles réformes, les ministres de l’énergie des pays de l’UE devront se réunir le 9 septembre.
Un contexte énergétique tendu en Europe
L’explosion du prix de l’électricité, en Europe, trouve son origine en grande partie dans le conflit russo-ukrainien. En réponse aux sanctions occidentales, la Russie a réduit ses approvisionnements de gaz vers l’Europe. Cela a eu pour effet de considérablement faire monter les coûts du gaz. En conséquence, indexés sur les prix du combustible, les coûts de l’électricité ont eux-mêmes explosé.
Pour l’Europe et ses gouvernements, la diminution des approvisionnements énergétiques constitue un moyen de chantage de la part de Moscou. Pour sa part, Gazprom affirme être un fournisseur fiable et justifie ces réductions par des problèmes techniques. Dernièrement, l’entreprise russe a annoncé l’arrêt des livraisons de gaz à Engie pour cause de non-paiement.
Cependant, les réformes voulues par l’UE risquent d’être compliquées et longues à mettre en place. D’une manière générale, les plans concernant l’énergie s’étalent sur plusieurs dizaines d’années. Effectivement, il aura fallu deux décennies pour que le commerce énergétique entre les pays membres arrive à terme. Toutefois, les responsables politiques européens espèrent arriver à des solutions à court terme.
Les prix de l’électricité indexés sur ceux du gaz
Dans le souci d’établir un marché commun de l’énergie, l’UE a fait en sorte que les prix de gros de l’électricité soient indexés sur ceux du gaz. En dehors du gaz, le marché électrique est alimenté par l’éolien, le solaire et le charbon. Les sources renouvelables sont moins chères que le charbon, lui-même étant moins cher que le gaz. Ainsi, pour inciter au développement des sources renouvelables, ce sont les centrales au gaz qui fixe le prix de l’électricité.
Effectivement, les producteurs d’électricité, peu importe la source utilisée, revendent leur production au même prix. Cela signifie que les producteurs d’énergies renouvelables, moins chers, réalisent de plus grands bénéfices. De ce fait, la plus grande marge bénéficiaire engrangée doit inciter à investir encore plus dans la production d’énergies renouvelables.
La mise en place de ce système doit ainsi permettre à l’Europe d’atteindre ses objectifs climatiques. Néanmoins, des pays comme l’Espagne ou le Portugal se sont affranchis du système tarifaire européen. Pour sa part, l’Espagne a déclaré qu’elle trouvait ce système injuste.
Les facteurs de la flambée des prix du gaz
Du fait de la réduction des volumes de gaz exportés par la Russie, les prix du combustible ont explosé. Cette réduction des volumes pousse les États européens a s’approvisionner ailleurs. Cependant, ces derniers entrent en concurrence directe avec les autres États du globe. Cette concurrence joue alors elle aussi un rôle dans la flambée des prix du gaz.
Par effet ricochet, les coûts de production d’électricité à partir du gaz ont aussi augmenté, influençant à leur tour les prix de l’électricité globale.
Pour Nina Scheer, porte-parole parlementaire pour l’énergie des sociaux-démocrates:
« La conception actuelle du marché offre à la Russie, par exemple, un champ d’action virtuel pour une manipulation destructrice du marché. »
Un autre facteur ayant conduit à une augmentation des prix du gaz est la sécheresse qui a frappé l’Europe cet été. La sécheresse a considérablement fait baisser les cours d’eau européens, entravant la production d’hydroélectricité et les livraisons de charbon. Le faible niveau du Rhin a notamment inquiété l’Allemagne pour son approvisionnement en charbon. La Norvège connaît également des difficultés dans sa production d’hydroélectricité, due aux niveaux historiquement bas de ses réservoirs.
Comment l’Europe peut-elle contenir le prix de l’énergie?
Pour endiguer la montée des prix de l’électricité, plusieurs options sont actuellement à l’étude. Ursula von der Leyen a déclaré que l’UE devrait séparer les prix du gaz de ceux de l’électricité.
De son côté, la République tchèque est favorable à un plafonnement des prix du gaz utilisé dans la production électrique. L’Espagne, la Belgique, l’Autriche, l’Allemagne y sont favorables. Néanmoins, le plafonnement des prix du gaz pourrait encourager une plus grande utilisation du combustible, limitant alors l’incitation à moins consommer des ménages et des industries.
La France est, quant à elle, plutôt favorable à une dissociation des prix du gaz et des prix de l’électricité.
En Italie, Mario Draghi a proposé le plafonnement des prix du gaz importé de Russie. Cependant, pour les opposants à cette option, cela entraînerait, en réaction, une coupure totale des approvisionnements gaziers de l’Europe.
Une troisième option consisterait à plafonner les prix du gaz et de verser la différence entre le prix plafonné et le prix le plus élevé du marché. Néanmoins, l’Allemagne et les Pays-Bas s’y opposent, préférant subventionner les énergies renouvelables plutôt que la production de combustibles fossiles.
Enfin, certains analystes recommandent d’octroyer un soutien financier aux ménages et aux entreprises les plus précaires.