La Commission européenne a annoncé avoir donné son feu vert à un vaste plan d’aide d’État destiné à soutenir la construction du premier réacteur nucléaire en Pologne. Le projet, basé sur la technologie AP1000 du groupe américain Westinghouse, prévoit un investissement total estimé à EUR42 milliards ($47 milliards), selon les autorités polonaises. Le soutien public inclura une injection de fonds propres d’environ EUR14 milliards, des garanties étatiques couvrant 100 % de la dette contractée, ainsi qu’un contrat pour différence (CfD) à double sens assurant une stabilité des revenus pendant 40 ans.
Un projet nucléaire d’envergure encadré par Bruxelles
L’accord a été formalisé en mai 2023 entre Westinghouse, le groupe de construction Bechtel et l’opérateur public Polskie Elektrownie Jądrowe (PEJ), détenu à 100 % par le Trésor polonais. Une décision de principe du ministère polonais du Climat et de l’Environnement a été rendue en juillet 2024. Le premier réacteur, implanté sur le site de Lubiatowo-Kopalino, dans le nord du pays, devrait entrer en service commercial en 2033.
La Commission a ouvert une enquête formelle en décembre 2024 afin d’examiner la conformité du dispositif au regard des règles de l’Union européenne sur les aides d’État. À l’issue de cette analyse, Bruxelles a jugé que les mesures proposées répondaient aux exigences de nécessité, de proportionnalité et de non-distorsion de la concurrence. Plusieurs ajustements ont été apportés par Varsovie, notamment la réduction de la durée du CfD de 60 à 40 ans, et la mise en place d’un modèle de calcul du prix d’exercice basé sur des flux de trésorerie actualisés.
Conditions strictes de transparence et d’indépendance
Dans le cadre des engagements pris par la Pologne, au moins 70 % de la production électrique annuelle de la centrale sera vendue sur les marchés organisés — incluant les segments day-ahead, intraday et futures — durant toute la durée de vie de l’installation. Le reste pourra faire l’objet de ventes par enchères selon des règles transparentes et non discriminatoires.
Par ailleurs, PEJ devra rester juridiquement et fonctionnellement indépendant des autres grands acteurs du marché électrique polonais. Cette condition vise à limiter les risques de concentration de marché et à empêcher toute répercussion directe de l’aide publique sur les consommateurs finaux.
Vers la signature du contrat de construction
Avec cette validation européenne, le projet entre dans une nouvelle phase. Le gouvernement prévoit désormais de transférer les fonds publics nécessaires à PEJ pour poursuivre le chantier selon le calendrier établi. La signature du contrat final de construction entre PEJ et le consortium américain est désormais considérée comme imminente.