En Europe, les stocks de gaz se reconstituent après l’hiver au rythme le plus rapide jamais enregistré. Les acheteurs de la région surenchérissant sur leurs concurrents asiatiques pour acquérir le plus de gaz possible à n’importe quel prix.
En Europe : les stocks augmentent de 151 TWh :
Les stocks de l’Union européenne et du Royaume-Uni ont augmenté de 151 térawattheures (TWh) depuis le début du mois d’avril et de 159 TWh par rapport au niveau le plus bas enregistré après l’hiver, le 19 mars.
Le stockage se remplit encore plus vite que pendant les blocages de la première vague de la pandémie en 2020, selon les données de Gas Infrastructure Europe.
Le déficit de stockage qui est apparu au deuxième trimestre 2021 a été éliminé. Les stocks s’élèvent désormais à 450 TWh, ce qui correspond presque exactement à la moyenne décennale antérieure. De plus, ils dépassent de 21 TWh la moyenne quinquennale prépandémique pour 2015-2019.
Les acheteurs de gaz européens se sont montrés disposés à payer bien plus cher pour les livraisons à court terme que leurs homologues asiatiques.
En outre, les contrats à terme pour des livraisons en juillet 2022 en Europe se négocient à près de 100 dollars par mégawattheure. En Asie, on atteint seulement les 68 dollars pour des livraisons.
Qu’en est-il des stocks asiatiques ?
Les acheteurs de GNL en Asie ont été moins actifs que d’habitude et les stocks de la région ont pu baisser par rapport à la moyenne saisonnière.
La Chine ne publie pas les niveaux des stocks de gaz, mais les importations de GNL ont été nettement inférieures aux niveaux de l’année précédente. Les importations de GNL ont diminué à 17,3 millions de tonnes au cours des trois premiers mois de l’année par rapport aux 19,7 millions de la même période en 2021. Il s’agit de la première baisse depuis sept ans.
L’épidémie de coronavirus et les lock-downs à répétition en Chine ont fortement perturbé l’activité industrielle et les dépenses des ménages. Ce contexte est donc susceptible d’avoir réduit la consommation de gaz.
Une baisse volontaire des stocks en Asie ?
Cependant, ce ralentissement reflète probablement la décision de laisser les stocks baisser plutôt que de payer des prix exceptionnellement élevés.
Les stocks de gaz du Japon diminuent également, les compagnies d’électricité refusant de payer des prix records en concurrence avec l’Europe. Le Japon a importé beaucoup moins de GNL en janvier et février de cette année qu’en 2021, selon les données du ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie.
Dans une certaine mesure, les importateurs asiatiques se sont mis à l’écart alors que l’Europe fait la course pour remplir le stockage le plus rapidement possible. Notamment au cas où les approvisionnements par pipeline en provenance de Russie prennent fin suite à la guerre avec l’Ukraine et les sanctions.
Mais cela signifie probablement que les acheteurs asiatiques devront accélérer leurs achats plus tard dans l’année, ce qui maintiendra les prix élevés, même si les stocks européens sont en passe d’être remplis au cours des prochains mois.