L’Union européenne (UE) a décidé de durcir ses sanctions contre la Russie en interdisant les transbordements de gaz naturel liquéfié (GNL) dans ses ports à partir de mars 2025. Cette mesure s’inscrit dans le cadre des objectifs ambitieux du bloc pour éliminer complètement les importations de combustibles fossiles russes d’ici 2027.
Adopté en juin dernier, le 14ᵉ paquet de sanctions de l’UE interdit également l’approvisionnement en biens, technologies et services destinés aux projets de GNL en construction en Russie. L’interdiction vise principalement les transbordements et les transferts de navire à navire (STS) qui permettent d’acheminer le GNL russe vers l’Asie, tout en contournant les limitations imposées par les infrastructures locales.
Une réponse européenne à la crise énergétique
Malgré ces restrictions, le GNL russe continue de représenter une part significative des importations de gaz de l’UE. En 2024, environ 14,9 millions de tonnes de GNL russe ont été importées, soit une augmentation par rapport aux 13,9 millions de tonnes enregistrées en 2023. Cependant, cette interdiction des transbordements pourrait accélérer la diversification des sources d’approvisionnement, notamment en renforçant les partenariats avec les États-Unis et le Qatar.
Les terminaux en Europe du Nord-Ouest, tels que ceux de Fluxys à Zeebrugge (Belgique) et d’Elengy à Montoir-de-Bretagne (France), jouent un rôle clé dans ces opérations de transbordement. Ces deux opérateurs ont confirmé leur conformité aux nouvelles règles de l’UE, affirmant avoir modifié leurs protocoles d’exploitation pour répondre aux exigences réglementaires.
Un impact économique limité mais stratégique
Selon les analystes, l’interdiction de transbordement aura un impact limité sur les volumes de GNL importés par l’Europe, mais elle pourrait compliquer les chaînes logistiques russes, en particulier pour les cargaisons destinées à l’Asie. Le marché européen reste par ailleurs fortement demandeur, avec une infrastructure d’importation en pleine expansion, portée par les unités flottantes de regazéification (FSRU).
Cependant, les opérateurs de terminaux comme Fluxys soulignent que l’ampleur des répercussions économiques reste difficile à prévoir. Les contrats à long terme réservés aux services de rechargement et de regazéification du GNL russe pourraient être partiellement révisés, mais les opportunités croissantes pour d’autres fournisseurs atténuent ces incertitudes.
La réponse russe et les perspectives globales
De leur côté, les autorités russes considèrent ces nouvelles sanctions comme une tentative occidentale de freiner l’expansion de leur industrie gazière. L’Association russe du GNL prévoit que les nouvelles capacités des États-Unis et du Qatar prendront progressivement le relais sur le marché européen.
Dans le cadre de son 15ᵉ paquet de sanctions, l’UE a également intensifié ses mesures contre la flotte maritime russe, ajoutant notamment le méthanier Christophe de Margerie à sa liste de sanctions. Ce navire emblématique, utilisé pour le transport du GNL du site de Yamal, illustre l’importance stratégique de cette industrie pour la Russie.
En parallèle, l’UE poursuit ses efforts pour réduire sa dépendance énergétique tout en s’adaptant à une demande intérieure fluctuante. Avec des prix du GNL restés volatils ces dernières semaines, les entreprises européennes continuent de signer des contrats à long terme pour sécuriser leurs approvisionnements.