En 2021, le gouvernement français a avancé des propositions visant à classer le carbonate de lithium, l’hydroxyde de lithium et le chlorure de lithium dans la catégorie 1A des substances toxiques pour la reproduction.
Le lithium comme substance toxique, une mesure contre-productive ?
Le lithium s’utilise notamment pour la fabrication des batteries.
Fin 2021, le comité d’évaluation des risques de l’Agence européenne a accepté les propositions françaises. Le premier projet de loi reclassant les composés de lithium devrait être publié entre octobre et décembre.
Une classification de catégorie 1A rend une substance éligible en tant que substance extrêmement préoccupante. Cela entraîne une restriction de son utilisation par la stratégie chimique de l’UE pour le développement durable.
Plusieurs acteurs de l’industrie se sont opposés à ce projet de loi.
Roland Chavasse, le secrétaire général de l’International lithium Association explique:
« Le risque est que si les composants de lithium sont reclassés à tord dans cette catégorie, cela introduirait une incertitude dans la planification de la viabilité commercial à long terme des investissements autour ».
L’UE a comme objectif de devenir autosuffisante dans la production de batterie lithium-ion pour les véhicules électriques d’ici 2025. Elle vise également une production nationale de lithium de 80 % dans les cinq prochaines années. Elle cherche également à obtenir un recyclage de lithium de 35 % d’ici 2029.
Ainsi, les industriels pensent qu’une telle proposition serait contre-productive, et entraverait les objectifs de l’UE.
Eurobat a ainsi demandé à la Commission européenne de revenir sur sa décision de classer le lithium et ses composants dans la catégorie 1A des substances toxiques.
Les objectifs de l’UE entravés ?
Un certain nombre d’acteurs de l’industrie, dont Vulcan, se sont opposés à la proposition et l’ont fait directement savoir à l’UE.
Leur principale inquiétude repose dans le fait qu’une telle classification créerait une incertitude commerciale quant aux marchés.
Il y aurait également une insécurité quant aux applications, aux processus industriels et aux exigences des usines. Cela pourrait dissuader les investisseurs de s’engager en Europe, à un moment crucial pour la chaîne de valeur du lithium.
L’Europe a comme principal objectif stratégique une chaîne d’approvisionnement domestique en batteries.
Les industriels craignent ainsi qu’une reclassification ajoute beaucoup d’incertitudes financières à long terme aux investisseurs massifs. Cela les pousserait à investir dans d’autres régions.
Cette mesure pourrait peut-être repousser le raffinage de lithium vers la Chine. Cela rendrait ainsi plus difficile l’autonomie stratégique des fabricants de batterie de l’UE.
Enfin, cela pourrait créer des problèmes de sécurité d’approvisionnement dans la région.
Une source productrice de lithium a également déclaré que la classification ne serait qu’une première étape, avec de nombreux résultats possibles en termes de mesures de gestion des risques.
Toutefois, en cas d’acceptation, la Commission européenne pourrait potentiellement accorder un statut spécial à certains pays.