L’Europe (UE) a transmis aux États membres, dans la nuit du 31 décembre 2021 au 1er janvier 2022, sa proposition d’inclure le gaz et le nucléaire dans sa taxonomie de la finance durable. Mais selon certains observateurs, la proposition manque de transparence et de pragmatisme écologique.
L’Europe accusée de manipulations démocratiques
Henry Eviston, représentant de WWF, dénonce ainsi une Commission européenne qui « n’aurait pas pu faire plus d’efforts pour enterrer cette proposition ».
Le porte-parole pour la finance durable a comparé cet acte aux questions citoyennes sur les énergies renouvelables. Afin de comprendre si les énergies renouvelables étaient « vertes », la Commission avait donné aux citoyens plusieurs possibilités de s’exprimer. S’agissant du gaz et du nucléaire, il dénonce un « document rédigé à huis clos ».
La Commission dément
Le porte-parole en chef de la Commission européenne, Eric Mamer, s’est défendu lors d’un point de presse. Ce dernier explique, que l’exécutif s’était engagé à présenter sa position sur ce qui est un « sujet très complexe et sensible ».
Eric Mamer, insiste sur le fait que ses collègues « ont décidé de poursuivre leur travail […] pour s’assurer que cela sorte avant la fin de l’année. »
Le gaz au centre des débats
Au cours des mois de débat, certains pays de l’Union Européenne (UE) ont déclaré que des investissements dans le gaz étaient nécessaires. Cela dans l’objectif de les aider à abandonner le charbon, plus polluant.
D’autres ont déclaré au contraire que qualifier un combustible fossile d’écologique porterait atteinte à la crédibilité des règles européennes. D’autant que l’Union Européenne cherche à être un leader mondial dans la lutte contre le réchauffement climatique.
L’énergie nucléaire divise aussi
Le premier camp, composé de la France, de la République tchèque et de la Pologne, lui confère un rôle important. Ces derniers estiment que l’absence d’émissions de CO2 de l’énergie nucléaire permet la lutte contre le réchauffement climatique.
L’Autriche, l’Allemagne et le Luxembourg font partie de ceux qui s’y opposent, invoquant des préoccupations liées principalement aux déchets radioactifs.
Encadrer les pratiques étatiques
La Commission explique que ce projet est destiné à guider les investissements dans les projets énergétiques. L’objectif est de faciliter la transition vers une production d’énergie entièrement renouvelable. Le projet fixe ainsi des conditions strictes dans lesquelles le gaz et le nucléaire peuvent être utilisés pendant la période de transition.
Ces conditions permettent ainsi de minimiser les possibilités de pratiques d’écoblanchiment. Cette pratique consiste en une surestimation des entreprises et investisseurs de leurs qualités écologiques.
L’accord fixera également des limites aux dépenses des gouvernements européens au travers des fonds de relance européen.
Un refus peu probable
La Commission va maintenant recueillir les commentaires et espère adopter un texte final d’ici à la fin du mois de janvier 2022. Après cela, le texte pourra être discuté avec les gouvernements et le Parlement de l’UE pendant six mois au maximum.
Toutefois, il est peu probable que le futur texte soit rejeté. Pour cela, il faudrait que 20 des 27 pays de l’UE, représentant 65% des citoyens européens, s’y opposent.