« The Hydrogen Project » va permettre de faire le pont entre les ressources africaines et l’expertise européenne. L’objectif est d’atteindre, en Europe d’ici à 2030, une capacité de production d’hydrogène renouvelable équivalente à 40 GW. En revanche, ce projet nécessite un investissement de plusieurs dizaines de milliards d’euros.
L’Europe précise sa stratégie hydrogène
Le 8 juillet 2020, la Commission européenne annonce le lancement de l’Alliance pour un hydrogène propre. Un regroupement d’autorités publiques, d’industriels et d’organisations civiles comprenant EDF ou encore Michelin.
Cette plateforme de coopération a pour mission de créer une chaine de valeur de l’hydrogène vert en Europe. Autrement formulé, créer un marché de masse avec une offre bon marché et une demande stimulée.
The Hydrogen Project (THP)
Au sein de l’alliance pour l’hydrogène, un conglomérat de 23 entreprises a fait cette semaine la promotion du « Hydrogen Project ». Parmi ces entreprises, l’italien SNAM, l’espagnol ENAGAS, l’allemand Open Grid Europe et le français GRTGaz.
L’objectif du THP est de stimuler le marché de l’hydrogène en Europe via deux axes stratégiques. Premièrement, la production d’hydrogène renouvelable en Afrique pour profiter du potentiel solaire et éolien sur place. Deuxièmement, la reconversion des infrastructures gazières préexistantes sur place pour acheminer l’hydrogène vers l’Europe.
Cette initiative offre, selon les parties prenantes, une baisse significative des coûts, avec un potentiel productif important. Au total, 200.000 km de gazoduc pourraient être réutilisés pour alimenter l’Europe en hydrogène à bas coût.
Un projet à €81 milliards
Malgré l’enthousiasme pour le THP, des barrières restent à dépasser. D’un point de vue réglementaire, la législation en Europe ne permet pas une transition simple des infrastructures gazières vers l’hydrogène. L’autre difficulté est d’ordre financier.
Malgré le cout réduit, le projet atteint la somme vertigineuse de 81 milliards d’euros. Et malgré le volontarisme de la Commission européenne, l’Union Européenne n’apporte, pour l’instant, aucune aide aux investisseurs, préférant les initiatives nationales.
Selon https://energynews.pro/wp-content/uploads/2022/07/RENTEL-POWERPLUG-KLOET-061dd11042019-7.jpeg Deser, senior manager à Union Investment, il est de la responsabilité des acteurs publics en Europe de s’engager. Sans garanties, les investisseurs risquent de résister à investir pour développer un marché qui reste incertain.
Adapter la législation
Côté réglementation, la Commission s’est engagée dès 2020 à adapter la législation et ses garanties financières pour les investissements hydrogène. L’Europe doit en outre être capable de traiter au mieux avec les pays africains. C’est en effet d’Afrique que l’énergie renouvelable nécessaire au projet sera issue.
L’Afrique au centre de la stratégie hydrogène européenne
En 2020, les partenariats se sont multipliés entre l’Europe et les pays Africains. L’Allemagne est particulièrement active au Maroc ou un projet de 100 MW de production d’hydrogène vert a déjà été signé. S’ajoutent le Niger et le Congo où des contrats de production sont à l’étude.
Selon les analystes, le THP pourrait apporter un boom économique en Afrique dans le sillage de l’hydrogène renouvelable. Un potentiel économique qui tient dans le rendement éolien et solaire dans la zone saharienne parmi les plus élevés du monde.
La France, quant à elle, reste focalisée sur son développement national. Le plan de 7,2 milliards d’euros, destiné à la production et la mobilité hydrogène, reste majoritairement cantonné au territoire métropolitain.
Des retombées potentiellement considérables
La mise en place d’une chaine de valeurs directement entre l’Europe et l’Afrique est riche de promesses pour l’avenir. La plus évidente est l’accès à un carburant potentiellement bon marché, écologique et susceptible de remplacer les hydrocarbures.
« Une fois que nous aurons le soleil du Sahara dans les usines allemandes […] c’est comme les voies romaines sur lesquelles nous marchons encore aujourd’hui […] C’est pour toujours « , déclare Marco Alvera, directeur général de la compagnie italienne SNAM.
L’industrie automobile est toute particulièrement attentive à ce marché émergeant. Audi et BMW anticipent déjà un accès banalisé aux carburants alternatifs à base d’hydrogène. De même dans le secteur maritime, la chimie, le bâtiment et la sidérurgie où les technologies électriques restent inadaptées.
Multiplier par 40 la production en 10 ans
Ce projet va donc permettre à l’Europe de répondre à ses objectifs très ambitieux d’une production d’hydrogène multipliée par 40 en dix ans. Soit 10 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable en 2030. D’ici 2050, 14% de la consommation finale devra provenir de l’hydrogène renouvelable.
« L’alliance (…) permettra d’orienter les investissements vers la production d’hydrogène. Elle constituera une réserve de projets concrets destinés à soutenir les efforts de décarbonation » Thierry Breton, commissaire au marché intérieur
Enfin, l’avantage majeur est d’apporter une diversité dans le mix énergétique de l’Europe. Ce qui, en tant de crise énergétique, offrirait plus de latitude à la stabilisation des prix.