L’hydrogène vert, identifié comme une solution clé pour décarboner les secteurs industriels lourds et les transports, demeure une promesse fragile au sein de l’Union européenne. Un rapport récent du cabinet Ernst & Young (EY) indique que seuls 60 % des objectifs européens fixés pour 2030 sont couverts par les stratégies nationales des États membres.
Adoptée dans le cadre de la stratégie RepowerEU, mise en place en réponse à la crise énergétique déclenchée par l’invasion de l’Ukraine, l’Union européenne s’est engagée à produire et importer 20 millions de tonnes d’hydrogène vert d’ici 2030. Atteindre cet objectif nécessite le déploiement de 100 gigawatts (GW) de capacités d’électrolyse, un défi considérable face à un rythme de croissance annuel moyen de 45 % observé entre 2020 et 2024. EY insiste sur la nécessité de tripler cette progression pour atteindre une croissance annuelle de 150 % et concrétiser ces ambitions.
Un développement industriel en difficulté
Bien que les projets industriels en Europe totalisent une capacité annoncée de 142 GW, 98 % de ces projets restent au stade de faisabilité. Seuls 2 % ont franchi l’étape cruciale de la décision finale d’investissement, reflétant une prudence généralisée des investisseurs.
De nombreux projets subissent des retards, notamment en raison de divergences entre les États membres concernant la définition de l’hydrogène vert. Par exemple, la France et l’Allemagne s’opposent sur l’utilisation d’électricité nucléaire pour produire cet hydrogène. Cette absence de consensus freine l’avancée des initiatives européennes.
Des obstacles politiques et technologiques
L’absence de coordination entre les pays européens ralentit le développement du secteur. En France, l’instabilité politique a retardé certains projets d’investissement, tandis qu’au niveau européen, des désaccords prolongés sur les critères techniques et environnementaux de l’hydrogène renouvelable ont entraîné un manque de clarté pour les investisseurs.
Les technologies d’électrolyse disponibles à grande échelle souffrent également d’un manque de fiabilité. Cette situation, combinée à des incertitudes économiques et réglementaires, rend les industriels hésitants à investir massivement dans des projets encore risqués.
Un écart entre ambition et réalité
Alors que l’Union européenne aspire à devenir un leader mondial de l’hydrogène vert, le rapport d’EY souligne un décalage important entre les ambitions et les progrès réalisés. Les gouvernements et industriels européens doivent intensifier leurs efforts pour surmonter les défis techniques, coordonner leurs stratégies nationales et sécuriser les investissements. Le temps presse, et à seulement cinq ans de l’échéance, les avancées concrètes restent limitées.