L’Éthiopie renforce sa position de moteur énergétique en Afrique de l’Est en développant ses infrastructures hydroélectriques et en intensifiant les connexions transfrontalières. Selon Ethiopian Electric Power (EEP), le pays vise à faire passer l’accès national à l’électricité de 54% à 78% dans les cinq prochaines années, avec le barrage Abbay en projet phare.
Un projet central dans l’industrialisation nationale
Le barrage Abbay, pilier de la stratégie énergétique éthiopienne, s’inscrit dans un plan d’industrialisation plus large. Il vise à répondre à la demande intérieure croissante et à créer un surplus destiné à l’exportation. L’exploitation de ce potentiel hydroélectrique devrait réduire la dépendance aux combustibles fossiles et soutenir le développement économique national.
Tewodros Ayalew, chef de site chez EEP, a déclaré que « l’Éthiopie est prête à exporter son électricité excédentaire vers le Soudan, le Kenya, Djibouti et la Tanzanie », soulignant que cette initiative renforcerait les liens régionaux et stimulerait la croissance économique partagée.
Vers une grille énergétique interconnectée
L’initiative éthiopienne s’inscrit dans un effort régional de longue date. John Mativo, directeur général de Kenya Electricity Transmission Company (KETRACO), a rappelé que les pays de la région avaient validé en 2010 la nécessité d’un réseau électrique interconnecté pour faciliter l’échange d’énergie. Il a précisé que la mise en œuvre d’infrastructures transfrontalières constitue une étape essentielle de cette stratégie.
L’ingénieur régional de KETRACO, Victor Sambula Inganga, a souligné que la ligne de transmission entre l’Éthiopie et le Kenya fournit une électricité stable, facilement intégrable au réseau kényan grâce à un système de conversion en courant alternatif (AC). Il a noté que cette interopérabilité technique réduit les pertes de tension et optimise la compatibilité.
Un soutien financier multilatéral
Les investissements dans les réseaux transfrontaliers bénéficient de financements de banques africaines de développement. Cette interconnexion permet d’exploiter une combinaison de sources d’énergie, comme l’hydroélectricité en Éthiopie et la géothermie au Kenya. Ce modèle vise à garantir la sécurité énergétique et la stabilité à long terme dans la région.
Selon Tewodros Ayalew, l’intégration régionale réduit les pertes énergétiques et diminue les coûts d’infrastructure en favorisant un usage collectif des capacités existantes. L’Éthiopie, par son expansion électrique, se positionne ainsi comme un acteur central de l’harmonisation énergétique en Afrique de l’Est.