Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé que le gouvernement français prendrait les mesures nécessaires pour encadrer la vente d’Exaion, une filiale technologique d’Électricité de France (EDF), au groupe américain Marathon Digital Holdings (Mara). Le contrat signé en août prévoit l’acquisition de 64% d’Exaion pour un montant de 168 millions d’euros, un accord qui a suscité des inquiétudes concernant la protection d’actifs technologiques jugés stratégiques pour la souveraineté énergétique et numérique.
Un actif stratégique sous surveillance gouvernementale
Exaion est spécialisée dans les centres de données de calcul haute performance, un secteur clé tant pour l’industrie énergétique que pour les infrastructures numériques. Le Premier ministre a précisé que le gouvernement mettrait en place la procédure IEF (Investissements Étrangers en France), mise en œuvre en septembre. Cette procédure permet à l’État d’examiner les investissements étrangers dans des secteurs jugés sensibles, et d’imposer des conditions ou d’interdire l’acquisition d’actifs stratégiques.
EDF, entièrement détenu par l’État, conservera une part dans Exaion après la vente. Le gouvernement a réaffirmé qu’une participation minoritaire d’EDF ne signifie pas l’absence de contrôle ou de mécanismes de blocage visant à protéger les intérêts nationaux. La procédure IEF devrait aboutir d’ici la fin de l’année, avec un délai de deux mois habituel pour de telles évaluations, bien que le calendrier précis reste incertain.
Le manque de capitaux européens et les vulnérabilités stratégiques
Le Premier ministre a également mis en lumière un problème structurel qui touche l’Europe : le manque de capitaux locaux pour soutenir le développement d’entreprises technologiques comme Exaion. Cette carence en financement représente une vulnérabilité stratégique, notamment face à des investissements étrangers provenant de fonds américains, chinois ou du Golfe. Sébastien Lecornu a souligné qu’une telle situation permettait à des investisseurs non-européens de prendre le contrôle d’entreprises considérées comme stratégiques, faute de solutions de financement alternatives en Europe.
À ce jour, aucun investisseur européen n’a été proposé pour prendre le relais de Mara dans cette transaction, ce qui souligne l’absence de financement compétitif sur le marché européen pour de tels projets.
Un examen en cours avant la décision finale
Les autorités françaises, en coopération avec le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), examinent actuellement les risques associés à la prise de contrôle par Mara. Le gouvernement évalue si les activités d’Exaion relèvent des secteurs critiques définis par la législation en matière d’investissements étrangers. Ce processus d’analyse devrait permettre de déterminer les conditions à imposer à la cession ou, le cas échéant, d’en bloquer l’exécution si des risques de sécurité nationale ou de dépendance stratégique étaient identifiés.
Sébastien Lecornu a précisé que “l’objectif est d’objectiver le caractère critique de ce que fait cette entreprise”, notamment au regard des enjeux énergétiques et numériques. La procédure devrait se conclure d’ici fin décembre, bien que des retards ne soient pas exclus.