L’Afrique subsaharienne fait face à un défi majeur en matière d’électrification. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), près de 570 millions d’habitants n’ont pas accès à l’électricité sur un total de 1,2 milliard de personnes en 2022. Face aux contraintes budgétaires des États et aux défis logistiques d’expansion des réseaux nationaux, le solaire hors réseau s’impose comme une alternative de plus en plus crédible.
Des investissements croissants pour une solution agile
Lors d’un sommet organisé en Tanzanie, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement ont annoncé des engagements financiers significatifs pour soutenir le développement du solaire hors réseau. Ces institutions prévoient de mobiliser entre 30 et 40 milliards de dollars pour la première et 18 milliards de dollars pour la seconde, afin d’accélérer l’accès à l’électricité sur le continent.
Le solaire hors réseau, qui regroupe des solutions allant des lampes photovoltaïques aux mini-réseaux indépendants, bénéficie d’une amélioration constante en termes d’efficacité et de coûts. La baisse des prix des panneaux solaires, combinée aux progrès technologiques, permet aujourd’hui d’alimenter des appareils de plus en plus énergivores, y compris des téléviseurs et des réfrigérateurs.
Une alternative compétitive aux réseaux nationaux
L’expansion des réseaux électriques traditionnels reste un défi de taille. En République démocratique du Congo (RDC), où seulement 21 % de la population avait accès à l’électricité en 2022 selon la Banque mondiale, l’extension du réseau représente un investissement colossal. Les infrastructures existantes couvrent une faible partie du territoire, limitant l’accès aux zones rurales et isolées.
Même dans des pays mieux dotés comme le Kenya, le réseau national ne couvre que 40 % du pays, laissant une large part de la population dépendante du solaire hors réseau, qui représente déjà 20 à 25 % de l’accès à l’électricité. La rapidité de déploiement et la flexibilité de ces solutions en font une réponse immédiate aux besoins des populations et des entreprises.
Un marché en expansion face aux coupures chroniques
Les délestages fréquents dans plusieurs pays renforcent l’attractivité du solaire hors réseau. Au Nigeria, premier producteur de pétrole du continent, les coupures d’électricité sont monnaie courante et les générateurs diesel restent une solution répandue mais coûteuse. En Afrique du Sud, où la crise énergétique de 2023-2024 a perturbé de nombreux secteurs économiques, le recours au solaire s’est accéléré pour pallier l’instabilité du réseau.
Cette situation alimente la demande pour des solutions autonomes et réduit la dépendance aux infrastructures centralisées. De nombreux ménages et entreprises investissent dans ces technologies pour sécuriser leur approvisionnement en électricité tout en optimisant leurs coûts opérationnels.
Un défi démographique et économique
Malgré ces avancées, le nombre d’Africains sans électricité continue d’augmenter. Entre 2010 et 2022, ce chiffre est passé de 566 à 570 millions, selon l’AIE. La croissance démographique rapide du continent exerce une pression constante sur les infrastructures énergétiques existantes, tandis que les crises économiques successives ont freiné les initiatives d’électrification.
La pandémie de Covid-19 a également contribué à ralentir les projets d’extension du réseau, impactant les capacités d’investissement des États et des entreprises. La combinaison de ces facteurs souligne l’urgence d’accélérer le déploiement des solutions hors réseau pour répondre aux besoins d’une population en pleine expansion.