L’Espagne poursuit sa transition énergétique avec un objectif clair : fermer progressivement toutes ses centrales nucléaires d’ici 2035. Ce plan, inscrit dans le Plan national pour l’énergie et le climat (PNIEC), vise à remplacer la production d’électricité d’origine nucléaire par des sources renouvelables telles que le solaire et l’éolien. Actuellement, le pays dispose de cinq centrales nucléaires en activité, représentant sept réacteurs, qui assurent environ 20 % de l’électricité nationale.
Un calendrier de fermetures contesté
Le premier site concerné est la centrale d’Almaraz, située en Estrémadure, dont les deux réacteurs doivent être arrêtés entre 2027 et 2028. Cette installation contribue à hauteur de 7 % à la production électrique nationale et fournit 15 % de l’électricité consommée à Madrid. Sa fermeture suscite de vives inquiétudes au sein des élus locaux et des syndicats, qui alertent sur les conséquences économiques. Environ 4 000 emplois directs et indirects sont en jeu, ainsi qu’une perte de revenus pour l’économie régionale estimée à plusieurs millions d’euros.
Face à ces préoccupations, la présidente de la région d’Estrémadure a dénoncé l’impact potentiel sur l’activité locale et demandé une révision du calendrier de fermeture. De nombreux élus locaux et travailleurs se mobilisent, organisant manifestations et actions pour attirer l’attention sur les risques liés à cette transition.
Pressions politiques et industrielles
Le Parti populaire, principale formation d’opposition, plaide pour une réévaluation de la stratégie énergétique nationale et appelle le gouvernement à s’inspirer des décisions de plusieurs pays européens qui prolongent la durée de vie de leurs centrales nucléaires. Le secteur industriel, représenté par les entreprises exploitantes des centrales, s’inquiète également de la suppression progressive d’une source d’énergie jugée stable et nécessaire à la compétitivité économique du pays.
Le secteur énergétique espagnol se divise sur la question. Alors que certaines entreprises du secteur nucléaire militent pour un prolongement des réacteurs en service, d’autres grands acteurs du marché électrique se montrent plus réservés et affirment respecter les échéances fixées.
Une transition énergétique sous surveillance
Le gouvernement affirme que le plan de fermeture a été élaboré en concertation avec les entreprises concernées et que le système électrique du pays est préparé pour absorber ces changements. Les investissements dans les énergies renouvelables se poursuivent afin de garantir une capacité suffisante pour couvrir la demande future.
Toutefois, des experts soulignent que la réussite de cette transition dépendra du développement rapide des infrastructures de stockage et de transport d’électricité. Une modernisation du réseau et une augmentation des investissements dans les énergies alternatives sont jugées essentielles pour éviter des tensions sur l’approvisionnement et contenir une éventuelle hausse des prix de l’électricité.