L’Espagne et le Portugal mettent en place des stratégies distinctes mais coordonnées pour éviter la répétition du blackout d’envergure qui a privé d’électricité des millions d’usagers pendant plusieurs heures en avril dernier. Si les deux pays partagent une infrastructure électrique fortement interconnectée, leurs approches restent spécifiques en fonction des capacités techniques et des besoins nationaux respectifs.
Mesures espagnoles : stockage et supervision renforcés
En Espagne, le gouvernement a adopté une série de mesures centrées sur le renforcement technique et structurel du réseau électrique national. La priorité est donnée à la régulation de la tension et au stockage énergétique avec un accent particulier sur l’intégration systématique de batteries dans les nouvelles installations renouvelables. Ce décret prévoit également une surveillance accrue de la stabilité électrique pour anticiper et mieux contrôler les variations sur le réseau. Le gouvernement entend ainsi prévenir toute nouvelle cascade de déconnexions, phénomène identifié comme étant au cœur de la panne d’avril.
Ces mesures répondent directement aux dysfonctionnements techniques constatés lors du blackout, notamment la gestion inadéquate des fluctuations de tension et les déconnexions en chaîne de certains producteurs. Une révision des procédures d’installation pour les parcs éoliens et solaires est également prévue, dans le but de fluidifier et d’accélérer la mise en place de nouveaux moyens de production capables de renforcer rapidement le réseau.
Portugal : priorité à la résilience et autonomie énergétique
Côté portugais, l’approche mise davantage sur une sécurisation immédiate et durable du réseau via la préservation de centrales capables d’un démarrage autonome (black-start). Ces unités resteront en permanence disponibles jusqu’à la fin de la décennie, constituant une réponse rapide en cas de panne généralisée. L’opérateur national, Rede Eléctrica Nacional (REN), a également procédé à une limitation temporaire des importations d’électricité depuis l’Espagne afin de stabiliser son réseau interne.
Parallèlement, le gouvernement portugais a instauré une commission indépendante chargée d’évaluer précisément les causes techniques de l’incident. Cette démarche s’accompagne d’une collaboration étroite avec les régulateurs européens, dont l’European Network of Transmission System Operators for Electricity (ENTSO-E), visant à renforcer la coopération et à améliorer la réactivité collective face aux crises électriques transfrontalières.
Ces initiatives montrent une volonté claire des deux pays de consolider à court terme leurs réseaux énergétiques respectifs tout en maintenant une coopération étroite au niveau régional et européen. Les prochaines semaines devraient permettre de mieux mesurer l’efficacité réelle de ces stratégies complémentaires et leur impact sur le secteur énergétique ibérique.