Le réseau électrique espagnol s’appuie davantage sur les centrales à cycle combiné au gaz pour assurer la stabilité de la tension et compenser les variations de la production renouvelable. Ce recours accru fait suite au blackout du 28 avril, qui a mis en évidence la nécessité de renforcer la sécurité opérationnelle du système. La demande de gaz dédiée à la production d’électricité a progressé de près de 37 % sur les neuf premiers mois de l’année. Ce niveau d’utilisation reflète la priorité donnée à la fiabilité du réseau face à la variabilité des énergies non synchrones.
Reprise de la demande intérieure et hausse des exportations
Selon les données publiées par le gestionnaire de réseau de transport de gaz Enagás, la demande totale de gaz atteint 267,6 térawattheures (TWh) sur la période, soit une hausse de 6,6 % par rapport à l’an dernier. Cette progression est principalement liée à la production électrique, tandis que la consommation industrielle reste stable. Les besoins de stabilisation du système ont entraîné une sollicitation plus fréquente des centrales conventionnelles, dont les turbines à gaz fournissent une réponse rapide pour soutenir la tension du réseau.
Les échanges transfrontaliers de gaz augmentent également, notamment vers la France. Les flux ont été renforcés pour contribuer au remplissage des stockages souterrains et à l’approvisionnement des terminaux de gaz naturel liquéfié (LNG, gaz naturel liquéfié). Cette orientation confirme le rôle croissant de l’Espagne comme point d’appui pour les importations européennes. Les interconnexions fonctionnent à un niveau soutenu, traduisant la complémentarité entre les réseaux ibérique et français dans la gestion des équilibres régionaux.
Impact structurel sur le mix énergétique
Le renforcement du recours au gaz souligne la place des centrales à Combined Cycle Gas Turbine (CCGT, cycle combiné gaz) dans la régulation du système électrique. Ces unités assurent l’inertie et la stabilité de fréquence que ne procurent pas les sources renouvelables intermittentes. Après le blackout, leur rôle a été consolidé dans la stratégie de sécurité du réseau, afin de limiter le risque de désynchronisation. Les CCGT demeurent ainsi un levier clé de flexibilité pour absorber les fluctuations de la demande et de la production.
Le maintien de cette tendance dépendra des conditions météorologiques, du niveau de production renouvelable et des flux d’importation de gaz sur la fin de l’année. L’évolution du marché européen et la disponibilité des infrastructures d’interconnexion pourraient continuer à influencer le volume des appels aux centrales à gaz. Les données d’Enagás mettent en lumière une période de forte sollicitation du gaz naturel dans un contexte où la stabilité du réseau reste une priorité nationale.