L’Espagne a commencé, pour la toute première fois, à acheminer du gaz vers le Maroc à travers le Gazoduc Maghreb Europe (GME). Le pays assure qu’il ne s’agissait pas de gaz algérien. L’Algérie n’alimente plus le GME à destination de l’Espagne depuis fin octobre sur fond de crise diplomatique.
“Sur la base des relations commerciales et du bon voisinage, hier (mardi) a eu lieu le premier envoi par le gazoduc du Maghreb de GNL (gaz naturel liquéfié) préalablement acquis par le Maroc sur les marchés internationaux et débarqué dans une usine de regazéification espagnole”, ont indiqué à l’AFP des sources du ministère espagnol de la Transition écologique.
La quesiton du Sahara occidental impact l’approvisionnement en gaz
L’Espagne avait annoncé en février qu’elle allait réexporter du gaz vers le Maroc via le GME. L’Algérie n’alimente plus ce dernier vers l’Espagne à travers le territoire marocain depuis fin octobre en raison d’une crise diplomatique autour du Sahara occidental.
“Un procédé de certification garantit que ce gaz (acheminé d’Espagne vers le Maroc) n’est pas d’origine algérienne”, a-t-on précisé de même source à l’AFP.
Alger avait menacé en avril de rompre son contrat de fourniture de gaz à l’Espagne si Madrid venait à acheminer du gaz algérien “vers une destination
tierce”. Cela fait référence au Maroc.
Enagás, gestionnaire du réseau gazier espagnol, a pour tâche de “vérifier l’origine du méthanier transportant le gaz” acheté par le Maroc. Ensuite, le déchargement de celui-ci, émet un certificat avec “les données pertinentes.
Mais le fait pour l’Espagne d’acheminer du gaz à travers ce gazoduc est tout sauf anodin. La réaction d’Alger sera donc guettée avec attention à Madrid.
Le gouvernement algérien est très remonté contre l’Espagne. Cela intervient depuis que l’exécutif a décidé, de soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental. Ce territoire est une ex-colonie espagnole.
En réaction à cette volte-face, Alger avait rappelé son ambassadeur en Espagne. Sonatrach, le géant algérien des hydrocarbures, n’avait pas exclu
d’augmenter les prix du gaz livré à l’Espagne.
Les autorités algériennes ont également suspendu début juin un traité de coopération avec l’Espagne. En parallèle, un organisme bancaire clé en Algérie a annoncé des restrictions sur les transactions commerciales avec Madrid.
La dépendance de l’Espagne vis-à-vis du gaz algérien se réduit nettement depuis l’arrêt du GME. Or, près d’un quart du gaz importé par l’Espagne provenait toujours d’Algérie au premier trimestre. Cela, contre plus de 40% en 2021.
Ce gaz est livré à l’Espagne par le géant algérien des hydrocarbures Sonatrach. Cette livraison s’effectue à travers le gazoduc sous-marin Medgaz qui relie directement les deux pays.