La transition énergétique mondiale se trouve à un moment charnière. Selon le rapport Global Energy Scenarios 2024, publié par Rystad Energy, il est encore possible de limiter le réchauffement climatique à 1,6 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels. Cependant, cet objectif ambitieux nécessitera une transformation accélérée et globale du secteur énergétique. Le rapport identifie trois étapes essentielles pour concrétiser cette transition : augmenter rapidement la capacité des énergies renouvelables, électrifier les secteurs encore dépendants des combustibles fossiles, et développer des solutions pour éliminer les émissions résiduelles des industries difficiles à décarboner.
Renforcer le secteur des énergies renouvelables
L’un des premiers leviers pour réduire les émissions de CO₂ réside dans le secteur de l’électricité. En 2023, la production d’électricité représentait environ 39 % des émissions globales, avec 15 gigatonnes de CO₂ émises. Pour inverser cette tendance, il est crucial de renforcer les capacités opérationnelles des énergies renouvelables, notamment solaire et éolienne, tout en accélérant la fermeture des centrales à charbon. Le rapport prévoit une augmentation significative de la capacité installée de modules solaires, qui pourrait atteindre 1,65 térawatt en 2024, soit une croissance de 63 % en un an. La baisse continue des coûts dans le solaire, l’éolien et les batteries stimule également cette croissance, offrant une alternative économiquement viable aux combustibles fossiles.
Électrification des secteurs clés
Le deuxième pilier de cette transition repose sur l’électrification des secteurs tels que les transports, l’industrie et les bâtiments. Ces secteurs, fortement dépendants des énergies fossiles, représentent une part substantielle des émissions mondiales. Selon les estimations du rapport, maximiser le potentiel d’électrification économique dans ces secteurs permettrait d’atteindre 43 % des réductions d’émissions nécessaires pour réaliser le scénario de 1,6 degré. L’essor des véhicules électriques (VE), par exemple, démontre une adoption accélérée des technologies propres. En 2023, les VE représentaient 23 % des ventes de voitures neuves dans le monde, contre seulement 3 % quatre ans plus tôt. Cette adoption rapide illustre l’évolution des préférences vers des solutions énergétiques plus durables et moins polluantes.
Gestion des émissions résiduelles
Certaines industries, telles que l’acier, le ciment et l’aviation, restent difficiles à décarboner en raison de leur nature énergétique intensive. Pour ces secteurs, l’électrification seule ne suffit pas. C’est là qu’interviennent les technologies de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CCUS), ainsi que les alternatives comme les carburants à base d’hydrogène et les biocarburants. Toutefois, ces technologies sont encore à un stade de développement précoce et nécessitent des avancées techniques, économiques et réglementaires pour devenir viables. Le rapport souligne qu’en combinant l’efficacité accrue de l’énergie avec les avancées dans ces technologies, le secteur énergétique pourrait réduire significativement les émissions résiduelles, rendant le système énergétique global plus propre et plus performant.
Vers une transition énergétique accélérée
La réussite de ces trois étapes fondamentales pourrait permettre d’atteindre le scénario climatique le plus ambitieux, mais cela nécessitera une mobilisation rapide et coordonnée. L’agriculture, par exemple, présente un potentiel pour diminuer les émissions de méthane grâce à des innovations comme la fermentation de précision, qui réduit les émissions de méthane de 97 % par rapport à l’agriculture animale traditionnelle. Par ailleurs, des pratiques comme l’agrivoltaïsme, qui associe la production solaire aux activités agricoles, pourraient répondre aux besoins énergétiques avec seulement 3,8 % des terres agricoles, permettant ainsi une expansion plus rapide des énergies renouvelables.
En somme, le rapport Global Energy Scenarios 2024 offre une feuille de route pour accélérer la transition énergétique mondiale. En suivant ces trois étapes stratégiques, le monde peut se rapprocher des objectifs de l’Accord de Paris et construire un avenir énergétique plus résilient et durable.