L’introduction de tarifs douaniers américains sur le pétrole canadien et mexicain pourrait bouleverser les circuits d’approvisionnement nord-américains. Selon un rapport de Wood Mackenzie, ces mesures affecteraient la demande aux États-Unis et réorienteraient une partie des exportations vers d’autres régions du monde.
Conséquences pour le Mexique
Un tarif de 25 % sur le brut mexicain pousserait ses exportations hors du marché américain. Environ 600 000 barils par jour (kb/j) de pétrole actuellement importés par les États-Unis pourraient être redirigés vers l’Europe et l’Asie. Cette évolution pourrait cependant être partiellement compensée par la fermeture de la raffinerie Lyondell à Houston et la mise en service de la raffinerie Dos Bocas de Pemex.
Les raffineries américaines, notamment celles du Golfe et de la côte Ouest, devraient trouver des alternatives aux approvisionnements mexicains. Les importations de pétrole lourd en provenance d’Amérique latine et du Moyen-Orient, et notamment d’Irak, pourraient alors augmenter. Toutefois, ces alternatives présentent des coûts plus élevés comparés aux importations canadiennes et mexicaines.
Le rôle du Canada dans le nouvel équilibre
Si les États-Unis imposent un tarif de 10 % sur le brut canadien, la consommation de pétrole canadien devrait se maintenir dans le Midwest et sur la côte du Golfe. Les raffineries du Midwest, enclavées, dépendent principalement de l’approvisionnement canadien et disposent de peu d’options de substitution.
En revanche, des opportunités émergeraient pour le pétrole canadien sur des marchés non américains. Le projet Trans Mountain Pipeline (TMX) faciliterait l’exportation de brut canadien vers l’Asie, en réduisant les volumes acheminés vers la côte Ouest des États-Unis. Le rapport souligne néanmoins que les réexportations via les États-Unis ne seraient pas soumises aux tarifs, offrant ainsi une flexibilité aux exportateurs canadiens.
Impact sur la demande américaine
Wood Mackenzie prévoit une réduction de la demande pétrolière aux États-Unis de 50 000 barils par jour d’ici 2026, en raison d’une hausse modérée des prix des produits raffinés. Toutefois, les producteurs américains ne sont pas en mesure d’absorber ce déficit. Malgré une production croissante dans le bassin permien, les investissements en exploration et en forage restent mesurés, limitant la capacité d’adaptation rapide du marché intérieur.
Les discussions autour de ces tarifs restent en cours, et leur mise en œuvre a été repoussée d’un mois. L’incertitude entourant cette politique pourrait déboucher sur une révision des mesures ou sur un durcissement des restrictions sur les importations pétrolières nord-américaines.