Les superprofits énergétiques sous pression : la taxation mondiale provoque un bras de fer

Les taxes sur les superprofits des majors pétrolières se multiplient en Europe et aux États-Unis. Alors que les gouvernements veulent redistribuer ces bénéfices records, les entreprises menacent de réduire leurs investissements.

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Depuis le début de la crise énergétique, déclenchée par la guerre en Ukraine et l’envolée des prix de l’énergie, les entreprises pétrolières et gazières ont enregistré des profits records. Cette flambée des bénéfices a poussé de nombreux gouvernements à réclamer leur part, en introduisant des taxes sur ce qu’ils considèrent comme des superprofits. Mais pour les acteurs du secteur, ces initiatives risquent de compromettre leurs plans d’investissement, surtout dans des régions où la stabilité fiscale est déjà fragile.

Le Royaume-Uni a ouvert la voie en 2022 avec une taxe exceptionnelle de 25 % sur les bénéfices des entreprises énergétiques, rapidement portée à 35 %. Aujourd’hui, le taux total d’imposition pour les majors opérant en mer du Nord atteint 75 % – l’un des plus élevés au monde. Mais les critiques ne se sont pas fait attendre. Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, a averti que ce type de taxation pourrait rendre certains projets non rentables, forçant l’entreprise à réduire ses investissements dans la région.

Les arguments des gouvernements : pourquoi taxer ?

Pour les décideurs politiques, l’introduction de ces taxes a un double objectif. D’un côté, il s’agit de financer des mesures de soutien aux ménages, durement touchés par l’inflation énergétique. De l’autre, ces superprofits, perçus comme excessifs en période de crise, sont devenus une cible facile pour des gouvernements cherchant à prouver qu’ils n’hésitent pas à mettre les grandes entreprises à contribution.

« Les entreprises énergétiques bénéficient d’un contexte de prix exceptionnellement élevé, il est juste qu’elles contribuent davantage », a déclaré le ministre britannique des Finances lors de l’annonce de l’augmentation de la **Energy Profits Levy (EPL)**. Des propos similaires ont été tenus en Allemagne, où le gouvernement a instauré une taxe de 33 % sur les profits excédant 20 % par rapport à la moyenne des trois dernières années.

Les répercussions sur les investissements : menaces ou réalités ?

Mais pour les majors, la situation est plus complexe. « Les taxes imprévues sapent la confiance des investisseurs », a affirmé un porte-parole de **BP**, précisant que les révisions constantes des taux d’imposition créent une instabilité qui nuit à la planification à long terme. L’association **Offshore Energies UK** a estimé que l’EPL pourrait entraîner une chute des investissements dans la région de plus de 80 % d’ici 2029, mettant en péril environ 35 000 emplois.

Même son de cloche en Allemagne, où des acteurs majeurs, tels que **Wintershall Dea**, ont averti que l’introduction de la taxe pourrait accélérer la délocalisation des investissements vers des régions à la fiscalité plus clémente. « Si l’Europe veut être compétitive, elle doit éviter de devenir une zone de surimposition », a déclaré son PDG lors d’un forum énergétique.

Comparaison internationale : des approches divergentes

En dehors de l’Europe, les réactions sont plus nuancées. Aux **États-Unis**, bien que le président **Joe Biden** ait menacé d’introduire une taxe similaire, le souvenir amer du **Crude Oil Windfall Profit Tax Act** de 1980, qui avait fait chuter la production nationale et accru la dépendance aux importations, reste un frein majeur. Pour l’instant, les compagnies américaines échappent donc à des prélèvements supplémentaires, malgré la pression croissante de l’opinion publique.

Le **Canada**, quant à lui, a évité toute taxe directe sur les superprofits des compagnies énergétiques, préférant se concentrer sur les profits des banques et des assurances. Mais cette approche est de plus en plus contestée, notamment en Alberta, où le Premier ministre provincial a déclaré que « taxer le secteur pétrolier serait une agression contre notre économie locale ».

Australie : vers une réforme prudente

En **Australie**, le gouvernement envisage de réformer le **Petroleum Resource Rent Tax (PRRT)**, déjà en place depuis des années, pour capter une plus grande part des revenus générés par l’exploitation des ressources naturelles. Cependant, la crainte de décourager de nouveaux projets freine toute avancée significative. En **Japon** et en **Corée du Sud**, la prudence est de mise. Ces pays, fortement dépendants des importations, ne veulent pas créer un climat d’instabilité fiscale qui pourrait compromettre leurs relations avec les fournisseurs étrangers.

France : une tentative avortée de taxation des renouvelables

En France, les discussions récentes ont porté sur la taxation des producteurs d’énergies renouvelables, jugés trop avantagés par les tarifs de rachat. Cependant, face aux critiques des investisseurs et au risque de décourager les nouveaux projets, le gouvernement a reculé. « Nous devons trouver un juste milieu entre contribution des entreprises et incitation à la transition énergétique », a admis un conseiller du ministère de l’Économie. Pour l’instant, le projet a été ajourné, mais le débat reste ouvert.

Un équilibre délicat entre fiscalité et transition énergétique

Les divergences de points de vue sur la taxation des superprofits reflètent des priorités différentes. D’un côté, les gouvernements veulent utiliser ces recettes exceptionnelles pour financer des politiques de soutien et répondre à la colère sociale. De l’autre, les entreprises défendent leur besoin de stabilité pour investir à long terme, en particulier dans les projets de transition énergétique.

À mesure que la pression monte, une question demeure : ces politiques fiscales décourageront-elles les investissements dans les technologies vertes ou forceront-elles les entreprises à repenser leur modèle économique pour mieux s’adapter à un monde de plus en plus sensible aux enjeux climatiques ?

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