La France avait rempli jeudi matin à 90% ses stocks de gaz pour l’hiver, selon la plateforme européenne Agregated Gas Storage Inventory (AGSI), en bonne route pour tenir ses objectifs afin d’affronter cet hiver de potentielles pénuries d’énergie liées à la guerre en Ukraine.
L’objectif du gouvernement est de parvenir à remplir les capacités de stockage du pays en gaz naturel à 100% d’ici novembre, alors que le robinet des exportations russes vers les pays occidentaux qui soutiennent l’Ukraine se tarit progressivement, et que les cours du gaz en Europe brisent des records.
Le prix évoluait à plus de 300 euros le mégawattheure mercredi matin, à des niveaux plus vus depuis le début de l’invasion russe.
Le géant russe Gazprom a depuis le début de la guerre en Ukraine stoppé les livraisons de gaz à plusieurs pays européens et a drastiquement baissé en juin ses livraisons à l’Europe via le gazoduc Nord Stream.
En France, dans le détail, les stocks de Teréga, l’un des deux gestionnaires du réseau de transport de gaz du pays, étaient à 91,21% de leur capacité, quand ceux de Storengy, filiale d’Engie en étaient à 89,67%, selon le site de l’AGSI.
Les stockages stratégiques de l’Allemagne sont remplis à 81,07% selon le site AGSI. Outre la France, seuls quatre pays européens sur 27 sont à plus de 90%: le Portugal (100%), la Pologne (99,56%), la Suède (90,8%) et le Danemark (93,76%).
Tous les pays ont rempli leurs cuves à plus de 50%, les moins bien lotis étant la Lettonie (55%) et la Bulgarie (59%).
La France, qui se dit dans une situation plus “favorable” que ses voisins, compte sur des stocks de gaz remplis au maximum et sur un nouveau terminal méthanier dès l’an prochain pour recevoir des importations de gaz liquéfié d’autres pays que la Russie.
La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, avait indiqué durant l’été que l’objectif du gouvernement était de remplir les stocks à 100% “avant le premier novembre”, alors que les opérateurs ont d’habitude pour obligation de remplir ces réserves à 85% à cette date.
Le pays semble désormais largement en avance sur cet objectif stratégique. D’autant plus que “c’est sur la question du gaz russe que se jouera une partie de la croissance en Europe dans les mois qui viennent” et le risque de récession, a de son côté affirmé mercredi le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.
“Tout va dépendre des décisions de Vladimir Poutine sur le gaz”, a-t-il indiqué sur France 5, “Si jamais il décide de couper le gaz pour l’UE et la zone euro, nous évaluons l’impact sur la croissance, pour la seule France, à un demi-point de PIB, et sans doute davantage pour d’autres économies plus dépendantes du gaz russe que nous”.
Sobriété énergétique
Avec l’épée de Damoclès de la pénurie sur les mois à venir, le président de la République Emmanuel Macron a appelé mercredi lors du Conseil des ministres de rentrée à l’”unité” face à la fin de “l’abondance”. Avec pour mot d’ordre la “sobriété énergétique”, justifié aussi par la transition énergétique en cours pour faire face au changement climatique.
Même si les réserves de gaz sont remplies à 100%, il faudra aussi réduire sa consommation pour pouvoir passer l’hiver, aussi bien de gaz que d’électricité.
L’interdiction des portes ouvertes des magasins chauffés ou climatisés, et celle des publicités lumineuses la nuit (à l’exception des gares et aéroports) est attendue avant “la fin de l’été”, selon le ministère de la Transition écologique. Un projet de loi pour développer les énergies renouvelables est aussi en préparation.
Le plan de Bruxelles – qui doit encore être validé par les Etats membres – prévoit que chacun des 27 pays de l’Union européenne réduise, entre août 2022 et mars 2023, sa consommation de gaz d’au moins 15% par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période.
Mercredi, l’Allemagne a promulgué une série de mesures: chauffage plafonné dans les administrations et bâtiments publics, la nuit interdiction de l’éclairage de bâtiments et publicités lumineuses éteintes ou encore chauffage des piscines privées prohibé si relié au réseau public.