Les sanctions contre Rosneft et Lukoil redéploient les flux pétroliers vers l’Asie

Les mesures occidentales visant Rosneft et Lukoil réorganisent profondément le commerce pétrolier, provoquant un basculement discret mais massif des routes d’exportation russes vers l’Asie, sans déclencher de déséquilibre global de l’offre.

Partager:

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

AUTRES ACCES

Abonnement mensuel

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

COMPTE GRATUIT​

3 articles offerts par mois

GRATUIT

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 35 000 articles • +150 analyses/sem.

Les sanctions décidées en octobre contre Rosneft et Lukoil par les États-Unis et l’Union européenne marquent une intensification du régime de pression économique contre le secteur énergétique russe. En plaçant les deux groupes sur la liste SDN (Specially Designated Nationals) avec blocage total des avoirs et interdiction de transaction pour les entités occidentales, Washington a élargi de manière significative le champ des restrictions. Bruxelles, de son côté, a interdit tout échange avec ces compagnies, tout en s’attaquant aux intermédiaires tiers.

Un durcissement ciblé qui évite la rupture physique

Malgré leur sévérité, les mesures laissent intacte une partie des canaux de commerce. Une licence générale temporaire américaine autorise un désengagement progressif jusqu’au 21 novembre, confirmant la volonté d’éviter un choc d’approvisionnement. Le dispositif s’inscrit dans la continuité de la stratégie du plafonnement des prix décidée par le G7, cherchant à réduire les revenus du Kremlin sans perturber le marché mondial du brut.

L’Agence internationale de l’énergie (International Energy Agency – IEA) prévoit un excédent structurel de l’offre pour 2026, estimé entre 2 et 4 millions de barils par jour. Dans ce contexte, les sanctions augmentent les coûts opérationnels des producteurs russes sans restreindre significativement le volume global. Le résultat est un réacheminement progressif des flux vers l’Asie, en particulier la Chine et l’Inde, avec un recours croissant à des acteurs secondaires et des circuits non occidentaux.

Inde : retrait des majors et fragmentation des achats

La décision de Reliance Industries de suspendre les achats de brut russe pour sa raffinerie de Jamnagar illustre l’impact direct des sanctions sur les acteurs exposés aux marchés européens. Les raffineurs publics indiens, notamment Hindustan Petroleum et Mangalore Refinery, s’orientent vers des fournisseurs non listés, opérant dans des juridictions moins soumises aux régulations extraterritoriales américaines. Cette stratégie vise à maintenir l’accès à la remise russe sans risquer de sanctions secondaires.

Les schémas d’importation deviennent ainsi plus complexes, mobilisant une chaîne de traders non listés, parfois opérant sous pavillons neutres. Les incitations fiscales et les droits de douane en lien avec la provenance du brut renforcent cette dynamique d’optimisation, visant à capter le différentiel de prix tout en minimisant les risques réglementaires.

Chine : continuité stratégique et remplissage des stocks

Pékin conserve une politique d’importation stable depuis la Russie, sans modifier fondamentalement ses volumes. La Chine diversifie les origines (Afrique, Amériques, Moyen-Orient) mais continue à absorber une part significative des barils russes, en particulier via les routes Arctique et orientale. Cette constance s’inscrit dans une stratégie de sécurisation des approvisionnements, combinée à un usage accru de sa réserve stratégique.

Le taux de remplissage de cette réserve est estimé à environ 60 %, ce qui donne à Pékin une marge de manœuvre significative en cas de durcissement futur des mesures occidentales. En combinant ces importations avec une gestion fine des arbitrages entre qualité et prix, les raffineurs chinois augmentent leur capacité de négociation sur le marché régional.

Un réseau parallèle de flux pétroliers

Face aux restrictions, la Russie active un écosystème de sociétés écrans, de traders peu visibles et de flotte dite “shadow” pour maintenir ses exportations. Les volumes exportés via ces canaux transitent par des hubs de mélange comme le terminal CPC Blend ou les ports arctiques, sous pavillons non occidentaux et avec une assurance de type non P&I (Protection and Indemnity). Ce schéma accroît les risques de conformité, en particulier pour les banques, assureurs et affréteurs opérant en périphérie de ces flux.

Dans le même temps, les États-Unis redirigent leurs barils de West Texas Intermediate (WTI) vers l’Asie, avec une montée en puissance des ventes vers le Vietnam, l’Indonésie et la Corée du Sud. Jakarta accélère un programme de raffineries modulaires destinées à traiter ce brut, dans le cadre d’un partenariat bilatéral structurant, renforçant le corridor énergétique États-Unis–Asie du Sud-Est.

Surplus mondial et modération des prix

L’excédent pétrolier mondial prévu pour 2026 réduit la capacité de la Russie à influencer les prix, même en cas de perturbation temporaire. Selon les projections des analystes, le Brent pourrait évoluer entre 57 et 62 $/b, en tenant compte de l’offre excédentaire et d’une discipline modérée de l’OPEP+. Ce contexte limite l’effet inflationniste potentiel des sanctions, renforçant la logique de pression économique à coût géopolitique contenu.

Les raffineurs asiatiques à capacité multi-brut, capables de traiter simultanément du WTI, du Murban, du Basrah, du CPC ou de l’Urals, deviennent les principaux bénéficiaires de cette fragmentation. Leur agilité contractuelle et logistique leur permet de capter une marge accrue dans un marché excédentaire, tout en restant en conformité avec des régulations plus strictes.

Multiplication des risques juridiques pour les intermédiaires

Les sociétés directement ou indirectement en lien avec Rosneft et Lukoil sont désormais exposées à des mesures extraterritoriales américaines, même si elles opèrent via des filiales détenues à moins de 50 %. Les opérateurs de négoce, en particulier ceux domiciliés dans des juridictions dites neutres, concentrent une part croissante du risque. Leurs relations bancaires, logistiques et assurantielles deviennent plus difficiles à maintenir.

Les institutions financières, compagnies d’assurance maritime et transporteurs doivent renforcer leurs dispositifs de contrôle. Le screening des bénéficiaires effectifs, la vérification des documents de transbordement et l’analyse des itinéraires deviennent des impératifs de gouvernance. Toute faille de traçabilité peut déclencher une exclusion du système financier occidental.

La Serbie contrainte d’arrêter sa seule raffinerie après les sanctions américaines

L’unique raffinerie serbe, exploitée par NIS, a suspendu sa production à cause d’un manque d’approvisionnement en brut, conséquence directe des sanctions imposées par les États-Unis à son actionnaire majoritaire russe.

Les prix du pétrole progressent sur fond de tensions entre Washington et Caracas

Les cours du brut ont enregistré une hausse portée par les tensions croissantes entre les États-Unis et le Venezuela, et des attaques ayant visé une infrastructure pétrolière russe en mer Noire.

Tullow Oil réduit son conseil et cherche à refinancer 1,8 md USD de dette

Face à des pertes financières persistantes, Tullow Oil restructure sa gouvernance et accélère ses démarches pour alléger une dette de plus de 1,8 milliard USD, tout en recentrant ses activités sur le Ghana.
en_11402222221239540

Bagdad sollicite des groupes américains pour remplacer Lukoil sur West Qurna 2

Le gouvernement irakien invite des compagnies pétrolières américaines à soumissionner pour prendre le contrôle du champ géant de West Qurna 2, précédemment exploité par le groupe russe Lukoil, désormais visé par des sanctions américaines.

Deux pétroliers visés en mer Noire, Ankara alerte sur la sécurité maritime

Deux pétroliers sous pavillon gambien ont été attaqués en mer Noire près des côtes turques, provoquant une réaction ferme du président Recep Tayyip Erdogan sur les risques croissants pour le transport énergétique régional.

Harbour Energy supprime 100 postes offshore en raison d’un conflit fiscal durable

Le producteur britannique poursuit sa réduction d’effectifs en mer du Nord, invoquant un régime fiscal jugé dissuasif et une réorientation stratégique vers des pays offrant une stabilité réglementaire jugée plus favorable.
en_11401111111242540

Dangote revendique 100 % de l’essence nigériane et exige un accès prioritaire au brut

La raffinerie de Dangote affirme pouvoir répondre seule à la demande nationale d’essence dès décembre, tout en demandant au régulateur un soutien logistique, fiscal et douanier pour maintenir ses livraisons.

BP redémarre l’oléoduc Olympic après une fuite, pression accrue sur la sécurité

BP a réactivé l’oléoduc Olympic, clé pour l’approvisionnement en carburants du Nord-Ouest des États-Unis, après une fuite ayant conduit à l’arrêt complet du système et à la déclaration d’états d’urgence en Oregon et dans l’État de Washington.

Washington intensifie la pression militaire sur Caracas, Maduro alerte l’Opep

Le président Donald Trump a confirmé un contact direct avec Nicolas Maduro alors que les tensions s'aggravent, Caracas dénonçant une opération américaine en préparation visant ses ressources pétrolières.
en_114030011132540

Zenith Energy accuse Tunis d’avoir vendu sans autorisation 3 987 barils de pétrole

Zenith Energy affirme que les autorités tunisiennes ont procédé à la vente non autorisée de pétrole brut stocké, aggravant un différend commercial de longue date sur ses concessions Robbana et El Bibane.

TotalEnergies cède 40 % de deux permis nigérians à Chevron dans un accord stratégique

TotalEnergies réorganise sa participation dans les permis offshore PPL 2000 et PPL 2001 en intégrant Chevron à 40 %, tout en conservant son rôle d’opérateur, dans le cadre d’un recentrage de son portefeuille deepwater au Nigeria.

Aker Solutions remporte un contrat M&M offshore de NOK2,5bn à NOK4bn avec ConocoPhillips

Aker Solutions a signé un contrat-cadre de six ans avec ConocoPhillips pour des services de maintenance et modification sur les champs offshore Eldfisk et Ekofisk, avec une option de prolongation de six ans.
en_1140290958540

L’Iran saisit un navire sous pavillon Eswatini pour contrebande de carburant

Les autorités iraniennes ont intercepté un navire transportant 350 000 litres de carburant dans le golfe Persique, renforçant leur contrôle sur les routes maritimes stratégiques dans la région du détroit d'Ormuz.

North Atlantic France prend le contrôle d’Esso S.A.F. et rebaptise la société

North Atlantic France finalise l’acquisition d’Esso S.A.F. pour un montant fixé par action et officialise le changement de nom en North Atlantic Energies, marquant une étape clé dans la réorganisation de ses activités en France.

Imperial Petroleum lève $60mn via une émission directe d’actions et de bons de souscription

L’armateur grec Imperial Petroleum a sécurisé $60mn dans le cadre d’un placement privé auprès d’investisseurs institutionnels, afin de renforcer sa trésorerie pour ses besoins opérationnels généraux.
en_1140290945540

Ecopetrol prévoit jusqu’à $6.84bn d’investissements en 2026 pour soutenir sa production

Ecopetrol projette entre $5.57bn et $6.84bn d’investissements pour 2026, visant à maintenir sa production, optimiser ses infrastructures et garantir sa rentabilité malgré un marché du brut modéré.

OPEP+ maintient le gel des hausses pour 2026 et ouvre la bataille des quotas 2027

Face au risque de sur-offre et aux sanctions russes, l’OPEP+ stabilise ses volumes tout en préparant une redistribution structurelle des quotas à l’horizon 2027, renforçant les tensions entre producteurs à capacités inégales.

Londres verrouille la rente pétrolière jusqu’en 2030 avec un prélèvement fiscal à 78 %

Le Royaume-Uni transforme sa taxe exceptionnelle en un mécanisme prix permanent, maintenant une pression fiscale parmi les plus élevées au monde, et redessine en profondeur l’attractivité du plateau continental britannique pour les acteurs pétroliers.
en_114027272626540

Le Pakistan devient exportateur structurel de fuel oil et bouleverse l’équilibre asiatique

Le Pakistan confirme sa sortie du fuel oil domestique avec plus de 1,4 Mt exportées en 2025, transformant ses raffineries en plateformes d’export, au moment où l’Asie fait face à un excédent structurel de fuel lourd et faiblement soufré.

Aksa Enerji va construire une centrale thermique de 119 MW au Burkina Faso

Le turc Aksa Enerji a signé un contrat de 20 ans avec Sonabel pour la mise en service d’une centrale thermique à Ouagadougou, visant à renforcer l’approvisionnement énergétique du Burkina Faso d’ici fin 2026.

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

Abonnement mensuel​

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 30 000 articles • +150 analyses/sem.