La compagnie Naftna Industrija Srbije (NIS), acteur dominant du secteur pétrolier serbe, est désormais soumise aux sanctions imposées par les États-Unis. Le sursis de neuf mois accordé à la société a expiré avec la non-reconduction de la licence spéciale délivrée par le Département du Trésor américain, marquant une nouvelle étape dans l’application des restrictions visant les intérêts énergétiques russes.
Impact sur les transactions et la distribution nationale
L’entrée en vigueur des mesures pourrait affecter les opérations de paiement dans les stations-service de NIS. Les cartes de paiement internationales telles que Visa et MasterCard sont désormais susceptibles d’être inopérantes, bien que les paiements en espèces et par cartes locales restent acceptés. NIS, qui contrôle près de 80% du marché pétrolier local, a affirmé que la distribution reste stable et qu’aucune limite d’achat n’est imposée à ce stade.
Bojana Radojevic, directrice de la vente au détail chez NIS, a précisé que « les ventes fonctionnent normalement » et que l’entreprise a mis en place des mesures pour éviter toute interruption de service. L’entreprise affirme également avoir constitué des réserves suffisantes de pétrole pour garantir le fonctionnement continu de ses activités de raffinage.
Conséquences régionales et partenaires exposés
Les effets des sanctions ne se limitent pas à la Serbie. En Croatie, la société Jadranski Naftovod (Janaf), principal opérateur d’oléoducs dans la région et fournisseur de NIS, anticipe une perte de 18 millions d’euros d’ici fin 2025. Janaf a souligné sa dépendance économique vis-à-vis de son client serbe, mettant en lumière les répercussions régionales de cette décision américaine.
Le président de Janaf a déclaré que « les États-Unis ne reviendront pas sur leur décision », appelant à une adaptation plutôt qu’à l’attente d’un éventuel changement. Cette déclaration renforce le sentiment d’isolement économique croissant ressenti par certains acteurs liés aux infrastructures pétrolières régionales.
Composition actionnariale et pression politique
Gazprom Neft détient actuellement 45% de NIS, tandis que 11% ont été transférés à une entité basée à Saint-Pétersbourg. L’État serbe conserve environ 30% du capital, le reste étant détenu par des actionnaires privés. Bien que NIS ne pèse qu’un faible pourcentage dans le portefeuille de Gazprom, sa portée géopolitique est jugée stratégique.
Le président serbe Aleksandar Vucic a récemment confirmé que des discussions étaient en cours concernant un éventuel retrait des actionnaires russes. Toutefois, la position de Moscou reste inflexible, considérant que la présence dans NIS est un levier politique en Serbie.
Enjeux énergétiques et dépendance persistante au gaz russe
La Serbie, candidate à l’adhésion à l’Union européenne, poursuit une ligne de neutralité vis-à-vis de la Russie, refusant d’adhérer aux sanctions occidentales. Le pays reste fortement dépendant du gaz russe, qui couvre plus de 90% de ses besoins énergétiques.
Le contrat d’approvisionnement signé en 2022 entre Belgrade et Moscou arrive bientôt à expiration. Des discussions sont actuellement en cours pour définir les termes d’un nouveau contrat, dans un contexte où les marges de manœuvre de la Serbie apparaissent limitées.