L’industrie des énergies renouvelables britannique exprime ses préoccupations concernant un aspect méconnu du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) de l’Union européenne. À partir de 2026, les exportations d’électricité propre du Royaume-Uni vers le continent pourraient être soumises à des frais carbone, même si elles ne produisent aucune émission. Cette situation pourrait réduire les revenus des projets renouvelables britanniques, augmenter les prix de l’électricité dans le nord de l’Europe et même entraîner une hausse des émissions alors que le Royaume-Uni accélère ses investissements dans le domaine des énergies renouvelables.
Impact sur les exportations renouvelables britanniques
Selon l’analyse d’Aurora Energy Research, jusqu’à 3 gigawattheures (GWh) de production d’énergie renouvelable, suffisants pour alimenter 2 000 foyers pendant un an, pourraient être réduits d’ici 2030 si ces frais découragent les exportateurs. Les marges bénéficiaires des projets renouvelables britanniques pourraient diminuer de 5% en raison de cette taxe carbone, rendant certaines exportations non rentables lorsque les prix de l’électricité sont bas.
Hausse des prix de l’électricité et des émissions
L’accès réduit à l’électricité bon marché britannique pourrait faire augmenter les prix de gros de l’électricité jusqu’à 4% sur des marchés comme celui de l’Irlande et de l’Irlande du Nord, qui importent beaucoup d’électricité du Royaume-Uni. Si des pays européens augmentent leur production à partir du charbon et du gaz pour compenser le manque, les émissions de CO2 pourraient même augmenter de 13 millions de tonnes par an, équivalant aux émissions de 8 millions de voitures.
Défis des critères d’exemption
Bien que les exportations d’énergie renouvelable puissent théoriquement être exemptées de la taxe carbone si elles répondent à certains critères, l’industrie estime que ce sera difficile en pratique. La plupart de l’électricité échangée via les interconnexions est négociée de manière anonyme, ce qui rend presque impossible de démontrer son contenu en carbone.
Perspectives de négociations post-Brexit
Des discussions discrètes ont commencé entre le Royaume-Uni et l’UE, mais aucun progrès n’est attendu avant les élections générales britanniques du 4 juillet. Une option serait de lier les marchés carbone européen et britannique, exemptant ainsi les producteurs d’électricité britanniques de la taxe. Cependant, ni Bruxelles ni Londres ne semblent enclins pour le moment. L’issue dépendra probablement de la volonté politique du prochain gouvernement britannique à négocier un accord avec Bruxelles.