Depuis plusieurs années, le Japon tente de réduire sa dépendance au brut en provenance du Moyen-Orient, une région qui alimente plus de 95% de ses besoins en pétrole brut. Toutefois, l’augmentation de la production décidée par l’OPEC+ pourrait freiner ces efforts. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEC+) ont récemment adopté une politique d’augmentation de leur production, un mouvement qui favorise encore davantage les barils du Golfe Persique par rapport aux bruts américains ou autres cargaisons d’arbitrage.
Les raffineurs japonais, notamment Cosmo Oil et ENEOS, ont reconnu que, bien que les inquiétudes concernant les perturbations d’approvisionnement en pétrole brut acide du Golfe se soient atténuées, leur dépendance reste problématique. Ils ont d’ailleurs tenté de diversifier leurs sources d’approvisionnement en augmentant les importations de brut en provenance des États-Unis et du Canada l’année dernière, mais les tendances économiques récentes risquent d’entraîner une nouvelle année de forte dépendance vis-à-vis des producteurs du Golfe.
En effet, la hausse de l’offre de brut en provenance du Moyen-Orient, combinée à des marges de raffinage déprimées, rend ce brut plus compétitif que ses homologues américains ou canadiens. Le premier trimestre 2025 a d’ailleurs vu les importations en provenance du Golfe atteindre 2,45 millions de barils par jour, soit 96,6% du total des importations japonaises, selon les données du ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie (METI).
La pression de l’OPEC+ sur la structure des prix
Les décisions de l’OPEC+ ont eu un impact direct sur les prix officiels de vente (OSP) des bruts du Golfe, en particulier ceux de l’Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis. Le différentiel des prix pour le brut Arab Light, par exemple, a chuté de 3,9 $/b en mars à 1,4 $/b en juin, facilitant ainsi l’achat de brut saoudien et émirati pour les raffineurs japonais. Cette tendance à la baisse des OSP intervient alors que les prix du pétrole brut d’autres régions, comme les États-Unis, restent plus élevés en raison de la concurrence accrue sur les marchés internationaux, notamment en Inde et en Chine.
L’impact de cette dynamique est évident dans les importations de brut par le Japon, où la part du brut américain a chuté de 55% par rapport à l’année précédente. Alors que le WTI Midland et le WTL restent des grades populaires auprès des raffineurs japonais, la situation économique actuelle des marchés de brut rend le Golfe plus attractif, tant en termes de coûts que de logistique.
Le rôle des sanctions et leur influence sur le marché
Les sanctions de plus en plus sévères contre le pétrole russe ont modifié les équilibres de marché en 2025, avec une augmentation de la demande pour les bruts du Golfe, particulièrement en Asie. En conséquence, les raffineurs japonais ont constaté une forte pression sur les prix des bruts non-gulfiques, tandis que la demande pour des grades comme le WTI Midland reste soutenue par des clients tels que l’Inde.
Les raffineurs japonais, confrontés à une réduction de l’offre des États-Unis, continuent de privilégier le brut acide du Golfe, jugé plus économique pour leurs configurations de raffinage actuelles. Selon les responsables de plusieurs raffineries, la situation devrait perdurer tant que les différentiels des OSP ne reviendront pas à des niveaux plus compétitifs pour les grades non-gulfiques.