Les raffineurs asiatiques ont salué la récente décision du président américain Joe Biden. Ce dernier a en effet décidé de libérer 1 million de b/j des réserves stratégiques américaines. Cette libération pourrait avoir un double effet que nous allons détailler dans cet article.
Un déblocage historique
Les précédents déblocages de SPR par les États-Unis étaient minuscules en termes d’impact sur le marché. Les volumes débloqués ne représentaient que quelques jours des achats totaux au comptant en Asie.
Toutefois, nous sommes ici face à un déblocage historique, de grande ampleur. Les raffineurs et négociants asiatiques ont déclaré qu’il pourrait avoir un véritable impact sur le marché. En effet, un tel déblocage pourrait, d’une part, permettre une augmentation des exportations de brut léger non corrosif en provenance des États-Unis.
D’autre part, un tel contexte pourrait également pousser les prix du pétrole à la baisse. Ainsi, les prix du brut au comptant sont susceptibles de diminuer si les raffineries américaines réduisaient leurs importations de matières premières. Cette réduction est possible avec le déblocage des réserves stratégiques américaines.
Les raffineurs asiatiques s’attendent à en tirer profit
En effet, les raffineurs des principaux pays asiatiques importateurs de brut américain surveillent de près les réserves américaines. La Corée du Sud, l’Inde, Taïwan et la Thaïlande principalement espèrent que ces réserves seront disponibles pour les acheteurs internationaux.
Ainsi, un responsable des matières premières d’un raffineur taïwanais s’exprime à ce sujet :
« Les systèmes de raffinage américains préfèrent de toute façon les bruts plus lourds, et nous nous attendons donc à ce que les utilisateurs finaux et les négociants américains fassent de fortes offres pour ces qualités à partir du SPR et à ce que les bruts légers excédentaires soient davantage disponibles pour les échanges internationaux ».
Les raffineurs asiatiques s’attendent donc à davantage de pétrole brut léger non corrosif sur les marchés internationaux. Dans un même temps la Corée du Sud, plus grosse cliente de brut américain en Asie de l’Est, a déclaré être désireuse de prendre autant de cargaison que possible en provenance des États-Unis. Elle continue en effet de privilégier des barils américains compétitifs en période de flambée des prix.
De plus, la Thaïlande, deuxième économie d’Asie du Sud-Est, s’est approvisionnée pour environ 1 million de barils/mois de brut en provenance des États-Unis au cours de l’année écoulée. Le pays a annoncé qu’il espère doubler ses importations dans les semaines à venir. De fait, les utilisateurs finaux thaïlandais suivent de près la libération des réserves stratégiques américaines selon les sources de S&P Global Commodity.
Une possible diminution des prix au comptant
La libération de millions de barils du SPR américain pourrait également contribuer à refroidir les primes au comptant de divers bruts. Ces bruts, en provenance d’Amérique du Sud, d’Afrique ou du Moyen-Orient sont achetés régulièrement par les raffineurs asiatiques.
Ainsi, les négociants en brut chinois ont déclaré qu’ils espéraient voir les écarts de prix du brut d’Afrique de l’Ouest et d’Amérique du Sud diminuer. Cela implique que les raffineurs américains réduisent leurs importations de brut. Cette réduction serait couverte par la libération des SPR, répondant à leur besoin en matières premières.
Une source du bureau des négociations de brut non corrosif de PetroChina déclare en effet :
« Les écarts de prix pour les bruts non corrosifs ont grimpé partout… Il faut espérer que la libération du SPR entraînera une diminution des besoins en matières premières importées pour les utilisateurs finaux américains et contribuera à refroidir les primes au comptant ».
En outre, les raffineurs indiens ont déclaré qu’ils espéraient voir une diminution de la demande de brut irakien de Basrah. Ce dernier est en effet également demandé par les utilisateurs finaux américains. La libération des réserves stratégiques pourrait donc aussi impacter cette demande. De plus, les États-Unis cherchent à importer plus de barils irakiens pour compenser le brut russe. Cette tendance devrait donc être stoppée par le déblocage des réserves.