Les principaux groupes miniers réorientent leur stratégie d’allocation du capital vers une croissance soutenue de la production, notamment dans le cuivre, selon une récente analyse de Wood Mackenzie. Cette dynamique reflète une volonté croissante de capter des investissements face à des valorisations jugées peu incitatives pour les rachats d’actions. Les dépenses en capital devraient ainsi augmenter en 2025 dans les entreprises diversifiées comme chez les producteurs de cuivre, avec une priorité donnée aux projets à fort potentiel de rentabilité.
Recul des rachats d’actions au profit de la réinjection des liquidités
En 2024, les volumes de rachats d’actions ont atteint un point bas parmi les grandes entreprises minières, les rendements notionnels s’inscrivant dans le négatif. Cette tendance s’explique par des valorisations peu attractives et une faible réaction des multiples de valorisation aux politiques de redistribution. James Whiteside, directeur du pôle Corporate Métaux et Mines chez Wood Mackenzie, a souligné que « les rachats ne génèrent plus les retours attendus, alors que l’investissement dans la croissance, notamment via le cuivre, est mieux valorisé par le marché ».
Les projets greenfield dans le cuivre deviennent des cibles privilégiées pour les investissements, bien que toutes les entreprises ne disposent pas d’un portefeuille d’opportunités suffisant. La discipline capitalistique, historiquement orientée vers la maximisation des rendements actionnariaux, est ainsi remise en question dans un contexte de retour à la croissance.
Une réallocation marquée des flux de trésorerie
D’après les projections de Wood Mackenzie, les producteurs majeurs de cuivre pourraient réinvestir plus de 100 % de leur flux de trésorerie d’exploitation sur les trois prochaines années. Les groupes diversifiés, eux, devraient établir un taux de réinvestissement standard supérieur à 50 %, réduisant parallèlement leur distribution à environ 45 %. Les rachats d’actions continueront de diminuer.
Cette inflexion stratégique illustre un recentrage sur les matières premières jugées essentielles à moyen terme. « Pour certaines entreprises, le risque lié à la croissance est désormais la meilleure option », a précisé James Whiteside, notant que les matières premières appropriées offrent aujourd’hui de meilleures perspectives que les politiques de redistribution élevées.
Stratégies contrastées entre Rio Tinto et BHP
La divergence des approches est particulièrement marquée entre Rio Tinto et BHP. Rio Tinto développe plusieurs projets à fort potentiel tels que Simandou (fer), Oyu Tolgoi (cuivre), AP60 (aluminium) et des actifs récents dans le lithium. L’entreprise pourrait atteindre un taux de réinvestissement de 60 % en 2025 et maintenir ce niveau sur plusieurs années.
En parallèle, BHP mise principalement sur le cuivre au Chili, avec une décision d’investissement finale attendue pour certains projets cette année. En dehors du projet Jansen, les options de croissance sont plus limitées, ce qui renforce sa stratégie prudente. Sa dette pourrait ainsi devenir inférieure à celle de ses concurrents dans les prochaines années.
Selon Wood Mackenzie, cette nouvelle ère dans la discipline du capital pourrait redéfinir la manière dont les grands groupes miniers équilibrent croissance et rendements, en réponse directe aux signaux du marché.