Les prix du pétrole étaient lestés jeudi par les craintes sur la demande en or noir en raison de l’inflation galopante, pendant que le gaz naturel bondissait après des nouvelles de perturbations de l’approvisionnement venant de Russie.
Vers 13H10 GMT (15H10 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet perdait 1,09% à 106,34 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juin baissait quant à lui de 0,74% à 104,93 dollars.
Les cours du pétrole avaient vivement rebondi mercredi après plusieurs séances de pertes, galvanisés par les craintes de perturbation de l’offre. Les gains de la veille, “ainsi que le recul (de jeudi) reflètent fidèlement l’état de paralysie du marché pétrolier”, estime Tamas Varga, analyste chez PVM Energy.
“Quelle est la force motrice ultime? La crainte d’une récession ou une pénurie de l’offre?”, interroge l’analyste. “L’économie mondiale s’essouffle en raison de l’inflation élevée exacerbée par la crise ukrainienne et les hausses de taux d’intérêt qui en découlent.”
Jeudi, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a révisé à nouveau à la baisse sa prévision de progression de la demande pétrolière mondiale. L’alliance avait déjà baissé sa prévision de 0,5 million de barils par jour par rapport à mars.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) avait également écarté jeudi “tout déficit aigu de l’offre à court terme”, grâce à “la hausse régulière de la production ailleurs (qu’en Russie), avec un ralentissement de la croissance de la demande, en particulier en Chine”.
Du côté du gaz naturel, les perturbations des livraisons ont fait grimper les cours. L’Ukraine dit depuis deux jours qu’elle ne peut plus garantir les livraisons via Sokhranivka, dans la région de Lougansk, en raison de la présence des forces armées russes.
“L’arrêt de (l’approvisionnement par) Sokhranivka est la première fois que les livraisons de gaz à l’Europe sont interrompues en raison de la guerre”, affirme Ole R. Hvalbye, analyste chez Seb. “Cette situation n’est pas synonyme de crise mais elle constitue un signal d’alarme pour ce qui est à venir”, poursuit-il.
Jeudi, le géant gazier russe Gazprom a annoncé cesser d’utiliser un gazoduc clé pour le transit de gaz à l’Europe via la Pologne, en réplique aux sanctions occidentales imposées à la Russie.
“Moscou a tiré une deuxième salve de perturbations gazières sur l’Europe, provoquant de nouvelles incertitudes et une flambée des prix”, estime Kaushal Ramesh, de Rystad Energy.
De quoi faire accélérer “les efforts de l’Europe pour se procurer du gaz naturel supplémentaire” et “éventuellement envisager des mesures liées à la demande telles que le rationnement du gaz”, selon l’analyste.
La référence du marché du gaz naturel européen, le TTF néerlandais, prenait 12,5%, évoluant à 105,50 euros le mégawattheure (MWh) après avoir touché les 115,00 euros le MWh.