Les prix des permis de carbone de l’UE ont chuté lors de la semaine se terminant le 28 février, en grande partie en raison de l’évolution du marché du gaz et d’une réduction de la position nette des investisseurs. Les permis d’émission européens (EUA) pour décembre 2025 étaient échangés à 72,26 EUR/tonne de CO2 (75,19 USD/tonne de CO2) à 12 h 45 GMT le 28 février, marquant une baisse d’environ 4 % par rapport à la semaine précédente, selon les données d’Intercontinental Exchange. Le contrat de décembre 2025 a été évalué à 72,72 EUR/tonne de CO2 par Platts, filiale de S&P Global Commodity Insights, le 27 février.
Malgré cette baisse, les prix n’ont pas réagi de manière significative à la proposition de la Commission européenne de modifier le calendrier de la vente des certificats sous le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (CBAM), visant à rendre cette taxe plus efficace et moins bureaucratique en passant à un seuil basé sur la masse. Les analystes estiment que l’impact de ces changements sur les prix est pour le moment limité, car la principale contrainte financière reste la même.
Effet limité du cbam sur les prix du carbone
Les experts soulignent que les ajustements proposés au CBAM, notamment en ce qui concerne les certificats de carbone, ont été bien accueillis par la plupart des analystes et des traders. Nicolas Endress, PDG de ClimEase, une entreprise spécialisée dans les solutions logicielles pour le CBAM, a mentionné que ces ajustements simplifieraient certaines charges administratives pour les petits importateurs. Cependant, il a mis en lumière une incertitude persistante : tant que les référentiels d’intensité carbone ne sont pas définis, les entreprises ne peuvent pas calculer avec précision les coûts des tarifs du CBAM pour 2026, ce qui crée une incertitude dans leurs prévisions financières.
Le processus d’établissement des référentiels d’intensité carbone de l’UE est toujours en cours, avec une date limite fixée à la fin de l’année. Cela entraîne une pression continue sur les entreprises qui doivent se préparer à une possible augmentation des tarifs du CBAM, mais dont les prévisions restent floues en raison du manque de clarté sur ces critères.
Réduction des positions nettes des investisseurs
Parallèlement, les investisseurs ont réduit leurs positions nettes longues, entraînant une baisse de 3 % de la longueur nette des positions, marquant ainsi la première réduction en huit semaines. Selon un rapport sur l’engagement des traders (COT), les fonds d’investissement ont diminué de 8,3 millions de tonnes, soit 14 %, leur position nette longue pour atteindre 50 millions d’EUA. Cette réduction s’est produite alors que le marché était confronté à une baisse généralisée des prix du gaz et du carbone, en grande partie attribuée à des facteurs géopolitiques.
Les analystes de S&P Global Commodity Insights ont expliqué que cette baisse des prix était due à un marché de l’énergie plus faible, à une demande réduite à cause de conditions météorologiques clémentes, et à des préoccupations concernant le ralentissement de l’industrie. Ils prévoient que les prix des EUA devraient se stabiliser autour de 77 EUR/tonne de CO2 en mars et 76 EUR/tonne de CO2 en avril.
Hausse des prix des ukas
Dans le même temps, les prix des permis de carbone du Royaume-Uni (UKAs) ont augmenté de manière significative, atteignant 43,34 GBP/tonne de CO2 (52,47 USD/tonne de CO2) à 12 h 32 GMT le 28 février, soit une hausse d’environ 7 % par rapport à la semaine précédente. Les prix des UKAs pour décembre ont été évalués à 43,46 GBP/tonne de CO2 le 27 février. Cette hausse des prix est survenue après que le Comité sur le changement climatique du Royaume-Uni (CCC) a annoncé le 26 février que les émissions du pays devraient diminuer de 87 % d’ici 2040 par rapport aux niveaux de 1990 pour atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Le CCC a formulé une série de recommandations pour le septième budget carbone du Royaume-Uni, une limite légale quinquennale sur les émissions de 2038 à 2042.
Maintien des positions longues sur les ukas
Les fonds d’investissement sont restés majoritairement longs sur les UKAs, comme l’indique le rapport COT récent. Les investisseurs ont augmenté leur position longue de 6 % par rapport à la semaine précédente, détenant 13,6 millions de UKAs en positions longues. Les opérateurs avec des obligations ont réduit leurs positions courtes de 13 % à 2,1 millions de UKAs, ce qui témoigne d’un changement de tendance par rapport aux semaines précédentes.