Le gouvernement des Philippines n’envisage pas de nouveaux investissements publics dans des terminaux de regazéification de gaz naturel liquéfié (GNL) d’ici la fin de la décennie. La décision s’appuie sur un taux d’utilisation limité à 60 % des installations existantes, a indiqué la secrétaire à l’Énergie Sharon Garin. Deux terminaux, tous deux situés sur l’île de Luzon, assurent aujourd’hui les besoins du pays en GNL.
Alors que l’intérêt pour le GNL progresse, le ministère de l’Énergie préfère rediriger les ressources publiques vers des zones sous-desservies. « Nous pourrions éventuellement installer un terminal de regazéification dans les Visayas ou à Mindanao », a précisé Garin, évoquant les régions du centre et du sud de l’archipel. Les autorités excluent pour l’instant tout projet supplémentaire à Luzon, déjà pourvue en infrastructures.
Capacité excédentaire et logistique insulaire
La géographie fragmentée du pays rend difficile la création de réseaux interconnectés de gazoducs, poussant l’administration à évaluer des solutions alternatives. Parmi celles-ci, figurent des centrales GNL à échelle réduite dotées de schémas logistiques adaptés. Malgré l’absence de régulation stricte sur les terminaux, le gouvernement privilégie une planification territoriale ciblée plutôt qu’une libéralisation sans coordination.
En 2023, les Philippines ont importé environ 0,6 million de tonnes de GNL. Cette première année d’importation a été suivie par une augmentation des volumes, atteignant 1,58 million de tonnes en 2025 selon la société d’analyse Kpler. La progression de la demande reste cependant inférieure aux capacités disponibles, freinant de nouveaux financements publics dans le secteur.
Coordination nationale et investissement long terme
Certaines entreprises appellent à une consolidation des besoins gaziers à l’échelle nationale afin de favoriser les contrats de long terme. « Nous devons agréger nos besoins en GNL comme un seul pays », a déclaré Jay Joel L. Soriano, vice-président stratégie et planification de First Gen Corporation. Il suggère une implication directe de l’État pour rendre les besoins plus visibles et attractifs pour les fournisseurs.
À ce jour, First Gen se fournit exclusivement sur le marché au comptant. L’entreprise envisage des engagements plus longs si ses contrats de production d’électricité sont renouvelés. Seul LNGPH, une entité intégrant South Premiere Power Corporation et Excellent Energy Resources Inc, dispose d’un contrat d’approvisionnement long terme avec le négociant Vitol, une exception sur un marché encore en structuration.