Le Département de l’Énergie des Philippines a officialisé une politique réglementaire destinée à encadrer le développement de la première centrale nucléaire commerciale du pays, baptisée Pioneer NPP. Signée le 2 octobre par la Secrétaire à l’Énergie Sharon Garin, la circulaire garantit à la future installation une distribution prioritaire sur le réseau, indépendamment de la technologie nucléaire choisie, et des contrats à long terme pour attirer les investisseurs.
Un statut de priorité pour sécuriser les investissements
Le texte prévoit que Pioneer NPP sera considéré comme une infrastructure de base et recevra une priorité d’injection sur le réseau électrique philippin. Ce traitement vise à créer un environnement d’investissement compétitif, en s’appuyant sur la coordination entre le Département de l’Énergie, l’Opérateur de Marché Indépendant et l’Opérateur de Système. La centrale bénéficiera également d’une certification automatique en tant que Projet Énergétique d’Importance Nationale, facilitant ainsi l’accès aux incitations fiscales et aux procédures administratives accélérées.
Dans un délai de 90 jours, le gouvernement étudiera différentes formes de participation publique et des modèles de financement, en collaboration avec le Département des Finances, le Département de l’Économie, de la Planification et du Développement, ainsi que la Maharlika Investment Corporation. En parallèle, des travaux seront menés pour assurer la préparation du réseau électrique national à l’intégration du nucléaire.
Des contrats flexibles et un cadre réglementaire étendu
Pour garantir la rentabilité à long terme du projet, plusieurs options contractuelles seront mises en œuvre, notamment les enchères, les contrats directs et les agrégations pour les zones industrielles. Le modèle de tarification s’appuiera sur une base d’actifs réglementés (Regulatory Asset Base – RAB) ou un mécanisme similaire, avec des contrats d’une durée minimale de 25 ans, renouvelables pour 25 années supplémentaires.
Le régulateur, la Commission de Régulation de l’Énergie, mènera des consultations avec les parties prenantes pour finaliser ce dispositif. Selon les autorités, ces mesures visent à attirer des capitaux privés et institutionnels dans un secteur jusqu’ici inexploré aux Philippines, tout en garantissant une stabilité tarifaire pour les consommateurs industriels.
Une relance mesurée d’un vieux projet abandonné
Le pays avait déjà tenté une incursion dans le nucléaire dans les années 1970, avec la construction de la centrale de Bataan, équipée d’un réacteur à eau pressurisée de 621 MW fourni par Westinghouse. Bien que terminée en 1984 pour un coût de $460 millions, l’unité n’a jamais été mise en service en raison de problèmes financiers et de risques sismiques. Depuis, plusieurs propositions ont émergé pour relancer ou reconvertir le site, sans succès.
Les ambitions actuelles du gouvernement visent une mise en service de la première centrale nucléaire d’ici 2032, avec une capacité initiale de 1 200 MW. Cette capacité devrait doubler à 2 400 MW d’ici 2035, puis atteindre 4 800 MW en 2050.