Les autorités philippines anticipent une croissance de 6,6 % de la demande énergétique nationale sur les deux prochaines années et entendent y répondre en renforçant leur capacité de production à partir du gaz naturel et d’énergies renouvelables. La secrétaire à l’Énergie, Sharon Garin, a déclaré que ce plan vise à réduire la dépendance persistante du pays au charbon, tout en sécurisant l’approvisionnement énergétique.
Selon Garin, les investissements se concentreront sur l’expansion des centrales à gaz, mais les difficultés logistiques limitent actuellement la montée en puissance. Elle a précisé que la chaîne d’approvisionnement reste contrainte, notamment par un déficit de turbines. Ces limites techniques freinent le rythme des projets, alors que la pression augmente sur les infrastructures énergétiques nationales.
Recul du charbon et montée en puissance du gaz
Le mix énergétique philippin, historiquement dominé par le charbon, devrait connaître sa première inflexion significative depuis 17 ans. La baisse attendue de la production issue du charbon sera compensée par l’essor de la production gazière et hydraulique, selon les projections officielles. Le gouvernement considère cette évolution comme essentielle pour stabiliser le réseau et réduire les risques de pénurie.
La diversification en cours inclut également l’intégration du solaire et de l’éolien offshore. D’après Garin, la capacité installée en énergie éolienne en mer pourrait atteindre 1 500 mégawatts si les infrastructures portuaires nécessaires sont opérationnelles d’ici 2027. Ce développement reste conditionné à la disponibilité logistique et aux investissements privés.
Tarifs sous tension et arbitrages économiques
Les coûts de cette transition posent toutefois des défis économiques. Avec les deuxièmes tarifs d’électricité les plus élevés d’Asie, derrière Singapour, les Philippines doivent équilibrer investissements à long terme et impact sur les consommateurs. « La transition a un coût. Il faut faire des sacrifices sur le prix si l’on veut une énergie plus propre », a déclaré Garin en marge de la réunion ministérielle de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).
Si le gouvernement affiche sa volonté de réduire la part du charbon, il ne l’exclut pas totalement du mix énergétique. Garin a affirmé que le charbon pourrait être mobilisé en dernier recours en cas de défaillance des autres sources. « Le pire, c’est de ne pas avoir d’électricité. On ne peut pas se le permettre dans notre pays », a-t-elle indiqué, soulignant la priorité donnée à la continuité de l’approvisionnement.