Les Émirats arabes unis, l’Azerbaïdjan et le Brésil, respectivement hôtes des COP28, COP29 et COP30, ont annoncé une augmentation de leur production d’énergies fossiles d’ici 2035. Un rapport de l’ONG Oil Change International, publié mercredi, révèle que ces trois nations, organisatrices de sommets climatiques mondiaux, prévoient une hausse collective de 32 % de leur extraction de pétrole et de gaz d’ici la même année. Ce développement suscite des inquiétudes quant à l’engagement réel de ces pays envers les objectifs climatiques, notamment la limite de réchauffement de 1,5 degré fixée lors de l’accord de Paris.
En février, peu après la conclusion de la COP28, les trois pays avaient annoncé leur intention de former une « troïka des présidences de COP » afin d’assurer la continuité des négociations climatiques et de favoriser une coopération accrue. Ils s’étaient également engagés à intégrer dans leurs contributions nationales pour 2035 des réductions d’émissions compatibles avec l’objectif de 1,5 degré. Cet engagement visait également à encourager les autres nations à adopter des plans d’action similaires d’ici février 2025.
Les engagements climatiques face aux réalités économiques
Malgré cet engagement formel, les projections de production de pétrole et de gaz sont en nette contradiction avec les objectifs affichés. Selon les chiffres avancés dans le rapport d’Oil Change International, le Brésil prévoit d’augmenter sa production fossile de 36 % d’ici 2035 par rapport à 2023, suivi par les Émirats arabes unis avec une hausse de 34 %, tandis que l’Azerbaïdjan affiche une augmentation estimée à 14 %. Cette croissance des projets fossiles va directement à l’encontre des préconisations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui appelle à une réduction mondiale de 55 % de la production fossile pour respecter les engagements climatiques d’ici 2035.
L’ONG a également souligné l’importance d’un exemple fort de la part de la troïka de présidences de COP. Selon l’organisation, bien que les principaux pays producteurs comme les États-Unis et le Canada détiennent une part de responsabilité majeure, les pays hôtes des COP se doivent d’incarner une transition vers des sources d’énergies moins polluantes. Sans cet engagement des pays hôtes, les objectifs de réduction des émissions globales pourraient se voir gravement compromis.
Un double standard dénoncé par Oil Change International
L’ONG critique également les pays du Nord, responsables d’une grande part des émissions mondiales dues aux nouveaux projets pétroliers. Selon une analyse antérieure d’Oil Change International, les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la Norvège et l’Australie seraient responsables de près de la moitié des émissions supplémentaires projetées pour 2050, issues des nouveaux puits de pétrole et de gaz. Face à cette réalité, l’ONG estime qu’un arrêt immédiat de toute expansion fossile est nécessaire dans les pays les plus riches ainsi que dans les nations de la troïka.
Ce double standard entre les engagements affichés lors des conférences climatiques et les politiques nationales de production fossile souligne les contradictions au sein même des pays hôtes de la COP. Cette situation soulève des questions cruciales sur la capacité des COP à stimuler une transition énergétique rapide et globale.
Vers une rupture de confiance au sein des négociations climatiques
Le fossé entre les promesses climatiques et les politiques de production fossile compromet la crédibilité des pays hôtes des COP, estime Oil Change International. En poursuivant leurs plans d’expansion fossile, ces pays risquent de fragiliser leur position de leadership dans les négociations climatiques mondiales. Pour de nombreux observateurs, cette incohérence pourrait porter atteinte à l’esprit de coopération que cherchent à instaurer les sommets de la COP, où chaque nation est censée contribuer à un effort collectif.
Ainsi, alors que la COP29 se tiendra prochainement en Azerbaïdjan, la communauté internationale porte un regard attentif sur les engagements climatiques concrets de ces pays. En maintenant leurs projets d’augmentation de production fossile, la troïka pourrait être confrontée à une pression accrue pour justifier ces choix devant la communauté mondiale, en particulier face aux pays les plus vulnérables aux impacts du changement climatique.