Les économies d’Afrique subsaharienne qui dépendent du pétrole peinent à maintenir un rythme de croissance comparable à celui de leurs voisins plus diversifiés, selon le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI). En 2024, les prévisions montrent une croissance moyenne de 2,8 % pour ces pays exportateurs de pétrole, contre 3,6 % pour la région dans son ensemble, souligne le FMI. Ce retard est attribué à un ensemble de facteurs structurels, notamment une faible diversification économique, l’insécurité et un manque d’investissement.
Les pays tels que le Nigeria, l’Angola, le Gabon et le Congo figurent parmi les économies pétrolières en difficulté. En particulier, le Nigeria, qui reste le plus grand producteur de pétrole d’Afrique avec une production de 1,46 million de barils par jour, affiche une prévision de croissance de seulement 2,9 % en 2024. Ce chiffre est bien inférieur aux performances des pays comme le Sénégal et le Kenya, qui devraient dépasser la moyenne régionale grâce à des économies diversifiées.
Un environnement défavorable pour les investissements
Selon le rapport, les conditions économiques et sécuritaires dégradées freinent les efforts de ces nations pour diversifier leur économie depuis la baisse des prix des matières premières en 2015. Le FMI identifie une combinaison de problèmes structurels qui pèsent sur le climat des affaires : infrastructures limitées, insécurité accrue et gouvernance parfois déficiente.
L’accès au financement constitue un autre obstacle majeur. Les marchés financiers sont restreints et les taux d’intérêt élevés rendent difficile le financement de projets à grande échelle. De plus, les fluctuations des prix du pétrole et le ralentissement économique de la Chine, principal importateur mondial de brut, contribuent à cette instabilité.
Impact des conflits régionaux et des ruptures d’infrastructures
Des situations de conflit, comme celui au Soudan, perturbent également la stabilité économique régionale. Par exemple, le Soudan du Sud a vu son économie chuter de manière dramatique, avec une contraction prévue de 26,4 % pour 2024. Cette baisse est liée à une rupture de son unique pipeline d’exportation de pétrole, endommagé en février 2024 et toujours hors service.
L’impact de cette rupture est considérable : la production de brut est passée de 150 000 à 40 000 barils par jour, selon les données de S&P Global Commodity Insights. Malgré les espoirs des autorités sud-soudanaises de relancer le pipeline, les retards de réparation dus aux combats dans la région rendent la reprise incertaine.
Transition énergétique et avenir incertain pour les économies pétrolières
Les exportateurs de pétrole africains font face à un défi supplémentaire lié à la transition énergétique mondiale. La baisse de la demande pour les combustibles fossiles dans les économies développées et les politiques d’énergie verte menacent les perspectives à long terme de ces pays. Le FMI recommande ainsi des réformes de diversification économique et une augmentation des investissements dans les infrastructures pour soutenir une transition vers un modèle économique moins dépendant du pétrole.
Les implications de cette transition pourraient être particulièrement lourdes pour des nations dont les revenus dépendent majoritairement des exportations de pétrole. Face à ce défi, les experts estiment que l’investissement dans d’autres secteurs tels que l’agriculture et les services pourrait offrir une stabilité et une résilience économique à long terme.