Le gouvernement néerlandais vient d’annoncer un ensemble de mesures budgétaires totalisant 11,4 milliards d’euros, visant essentiellement à soutenir la compétitivité industrielle du pays dans un contexte énergétique contraint. Cette initiative s’inscrit dans une série d’actions récentes destinées à stabiliser les coûts énergétiques industriels et à maintenir l’attractivité économique des Pays-Bas face à la pression concurrentielle mondiale. Le secteur industriel néerlandais bénéficie notamment d’une prolongation de trois ans du dispositif de compensation des coûts indirects liés à l’électricité, une mesure réclamée par les industriels pour conserver une compétitivité internationale. Par ailleurs, des investissements importants sont prévus afin de moderniser le réseau électrique national et d’en augmenter la capacité, permettant ainsi d’accueillir davantage d’industries à forte consommation énergétique.
Infrastructure électrique renforcée
Pour accompagner cette stratégie industrielle, le gouvernement prévoit de rationaliser et accélérer les procédures administratives liées à plusieurs projets majeurs d’infrastructures électriques à haute tension. Le gestionnaire de réseau national, TenneT Holding BV, bénéficiera ainsi d’un cadre réglementaire simplifié, facilitant la mise en œuvre rapide de nouveaux projets stratégiques de renforcement du réseau électrique. L’objectif affiché est de garantir une capacité suffisante pour l’intégration de nouvelles unités industrielles et l’expansion d’infrastructures existantes. Ces actions visent notamment à éviter des perturbations similaires à celles rencontrées ces dernières années, dues à une saturation ponctuelle du réseau électrique.
Soutien stratégique au nucléaire et à l’hydrogène
En parallèle, les Pays-Bas entendent réactiver leur programme nucléaire civil, avec un engagement concret pour prolonger l’exploitation de la centrale nucléaire de Borssele et préparer la construction de nouvelles centrales. Un organisme étatique spécifique sera prochainement créé pour piloter ces nouveaux projets nucléaires, qui bénéficieront d’un soutien institutionnel et financier renforcé. Sur le front de l’hydrogène, un budget total de 2,76 milliards d’euros est spécifiquement alloué à la filière, dont 2,1 milliards pour soutenir directement la production et 662 millions d’euros pour des applications industrielles ciblées. L’objectif est de positionner le pays en acteur significatif sur un marché européen émergent, en sécurisant l’accès à cette ressource stratégique pour l’industrie lourde locale.
Report de la taxe carbone nationale
La mise en place d’une taxe nationale sur les émissions de dioxyde de carbone (CO₂), destinée initialement à créer un prix plancher lié au marché européen des quotas carbone (European Union Allowances – EUA), sera reportée afin d’offrir plus de souplesse aux industriels dans la gestion de leurs coûts et investissements. Cette mesure était vue par certains secteurs industriels comme un facteur de risques économiques importants dans un contexte international marqué par une forte concurrence sur les coûts énergétiques. Malgré ce report, le gouvernement maintient ouvert l’option d’étendre cette taxe au-delà de l’échéance initiale de 2032, en fonction de l’évolution du marché et des contraintes économiques.
Avec ces nouvelles mesures budgétaires, le gouvernement néerlandais affiche clairement sa volonté d’anticiper les défis économiques liés à l’énergie, tout en répondant aux attentes concrètes des acteurs industriels. Les impacts économiques et concurrentiels de ces décisions seront étroitement observés par le marché dans les prochains mois.