Les États-Unis et les pays européens, représentés par la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni (E3), ont officiellement soumis une résolution condamnant l’Iran au Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Cette initiative, votée ce jeudi à Vienne, marque une intensification des tensions autour du programme nucléaire iranien.
Cette résolution, bien que symbolique à ce stade, intervient après une série de démarches infructueuses visant à obtenir des clarifications sur la présence de traces d’uranium inexpliquées sur deux sites non déclarés en Iran, Turquzabad et Varamin. Malgré une visite récente du directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, à Téhéran, les avancées jugées « positives » par les autorités iraniennes n’ont pas suffi à rassurer les puissances occidentales.
Une escalade inquiétante
Lors de discussions avec M. Grossi, le président iranien Massoud Pezeshkian a réitéré son engagement à lever « doutes et ambiguïtés » sur le programme nucléaire du pays. Dans un rapport confidentiel, l’AIEA confirme que l’Iran a débuté les préparatifs pour freiner l’expansion de son stock d’uranium enrichi à 60 %. Cependant, cette mesure a été accueillie avec scepticisme par Washington et ses alliés, qui dénoncent une manœuvre destinée à gagner du temps.
Les réserves d’uranium enrichi de l’Iran, désormais estimées à 182,3 kilogrammes, représentent une préoccupation majeure. Ce stock, bien supérieur à la limite de 3,67 % prévue par l’accord international de 2015 (JCPOA), serait suffisant pour fabriquer plusieurs bombes nucléaires.
Une mise en garde ferme de Téhéran
Face à cette résolution, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a mis en garde contre les conséquences de cette décision. Lors d’une conversation avec Rafael Grossi, il a estimé que l’initiative des Occidentaux risquait de « compliquer inutilement » la situation.
« L’Iran réagira de manière appropriée », a déclaré M. Araghchi, tout en affirmant que cette résolution compromettait l’atmosphère positive des récents échanges entre Téhéran et l’AIEA.
Un pacte en lambeaux
L’accord de 2015, connu sous le nom de JCPOA, avait pour objectif de limiter les ambitions nucléaires de l’Iran en échange d’un allègement des sanctions internationales. Toutefois, la sortie unilatérale des États-Unis sous la présidence de Donald Trump en 2018 a précipité la rupture de cet équilibre.
Depuis, l’Iran a intensifié son programme nucléaire, atteignant des niveaux d’enrichissement proches des 90 % nécessaires pour une arme atomique. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a qualifié cette escalade de « préoccupante », évoquant des « risques majeurs de prolifération nucléaire ».
Des enjeux géopolitiques et sécuritaires
L’Iran, seul pays non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium à un tel niveau, justifie ses actions par un besoin en énergie civile. Cependant, les puissances occidentales s’inquiètent de ses intentions réelles, notamment dans un contexte régional marqué par de fortes tensions.
En parallèle, les efforts diplomatiques pour réactiver le JCPOA se heurtent à une impasse. La France et ses partenaires européens continuent de prôner un retour aux négociations, mais le soutien affiché de Moscou et de Pékin à Téhéran limite les options.