Les émissions de méthane des mines de charbon australiennes dépasseraient de 40 % les chiffres officiels selon une étude conjointe menée par le groupe de réflexion énergétique Ember et la société d’intelligence géospatiale Kayrros. L’analyse s’appuie sur les données du satellite TROPOMI pour observer six bassins houillers majeurs du Queensland et de la Nouvelle-Galles du Sud, représentant ensemble 79 % de la production australienne de charbon noir.
L’étude révèle des écarts significatifs entre les observations satellitaires et les rapports officiels, en particulier en Nouvelle-Galles du Sud. Dans cette région, les émissions relevées dans des zones couvrant deux tiers de la production charbonnière sont deux fois supérieures aux données rapportées. Dans le cas des exploitations à ciel ouvert, les écarts atteignent des niveaux de 4 à 6 fois plus élevés que les estimations issues des entreprises minières.
Des écarts structurels entre déclarations privées et mesures indépendantes
Ces résultats s’inscrivent dans une série d’estimations scientifiques et internationales signalant une sous-évaluation systématique des émissions de méthane en Australie. Une étude aérienne récente menée au-dessus de la mine de Hail Creek a identifié des émissions 4 à 5 fois supérieures aux chiffres officiellement déclarés. La persistance de telles disparités soulève des préoccupations sur la fiabilité des méthodes de déclaration basées sur les rapports internes des entreprises minières.
L’étude couvre plus de 90 % de la production de charbon métallurgique australienne, une ressource stratégique dont une large part est destinée à l’Union européenne. Cette destination est particulièrement sensible à la qualité des rapports environnementaux, avec l’entrée en vigueur du Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières, qui impose de nouvelles normes de conformité.
Réponses institutionnelles et pressions réglementaires
À la suite d’un an d’enquête nationale sur les méthodes de mesure du méthane, le gouvernement fédéral australien a constitué un groupe d’experts chargé d’évaluer les outils de mesure atmosphérique des émissions fugitives. Parallèlement, un examen administratif des déclarations fournies par les entreprises exploitant des mines à ciel ouvert a été lancé.
Les résultats présentés par Ember et Kayrros soulignent l’enjeu stratégique que représentent des données précises pour les autorités australiennes, les acheteurs internationaux de charbon métallurgique et les chaînes de production d’acier. À défaut d’une réforme substantielle de l’inventaire des émissions, les décisions économiques et industrielles liées au charbon risquent de s’appuyer sur des données partielles, voire erronées.