Les marges de raffinage asiatiques chutent depuis quelques semaines. Ce phénomène touche de manière asymétrique les combustibles fossiles. Il reste à savoir la réaction des acteurs du pétrole et des consommateurs face à ce changement du marché.
Les faibles marges de raffinage
Le 25 juillet, la raffinerie de Singapour s’occupant du brut de Dubaï vendait le baril à 38,54 dollars. Sa marge de raffinage était alors seulement de 83 cents/baril. Cela représente une baisse de 97,3%. En comparaison, l’année dernière à cette même époque, la marge s’élève à 8 dollars. En juillet 2020, elle était de 6,69 dollars.
À noter, le baril atteint un record le 24 juin, avec 71,69 dollars pour le raffinage d’un baril de gasoil. Ce record s’explique par plusieurs facteurs.
D’une part, la forte demande de diesel et de carburéacteur est un élément de réponse. D’autre part, les exportations de produits raffinés de la Chine et de la Russie subissent une forte baisse. De même, les acheteurs occidentaux se détournent des produits russes en réaction à l’invasion de l’Ukraine.
L’essence et le naphta, les plus touchés
Alors que la fabrication du gasoil reste relativement élevée, les faibles marges de raffinage touchent principalement le naphta, à l’origine de la fabrication des plastiques et des produits chimiques. Par exemple, une raffinerie de Singapour perd 8,33 dollars pour chaque tonne de naphta produite à partir du brut Brent.
Pourtant, c’est une amélioration par rapport à la perte du 15 juin de 122,53 dollars la tonne. Cela représente la plus faible perte depuis la crise financière mondiale de 2008. Pour rappel, le 3 mars, le bénéfice pour la fabrication d’une tonne de naphta s’élevait à 257,23 dollars.
Par ailleurs, le mazout, utilisé pour propulser les navires subit également une chute de sa marge de raffinage. Le 25 juillet, le baril coûtait 21,95 dollars. En comparaison, le 27 avril, le bénéfice s’élevait à 6,08 dollars le baril. Cela montre le ralentissement de la demande maritime. En outre, les économies font face à un contexte difficile, notamment des taux d’intérêt plus élevés et de l’inflation.
De plus, toujours le 25 juillet, le baril d’essence 92-Ron à Singapour rapportait un bénéfice de 2,56 dollars. C’est une reprise après une perte de 16 cents à la fin de la semaine dernière. Cette perte est la plus faible depuis mai 2020 du fait de la première épidémie de Covid-19.
Les scénarios possibles
Ces faibles marges de raffinage pourraient inciter les raffineurs asiatiques à réduire leur production pour augmenter les marges sur l’essence, le naphta et le mazout. Toutefois, cela entraînerait une hausse des prix de détail dans la région. Le ralentissement économique s’accentuerait et serait à l’origine d’une nouvelle perte de demande.
Par ailleurs, les raffineurs pourraient faire pression sur leurs fournisseurs de brut pour la baisse des prix. Néanmoins, cette tâche est plus difficile à réaliser.
Les exportateurs de pétrole brut, tels que l’Arabie saoudite pourraient même envisager de baisser le prix de vente officiel (OSP). Selon les observateurs du marché, la récente hausse des OSP s’explique par les marges de raffinage élevées, qui sont dorénavant très faibles.
La demande pourrait augmenter si les prix de détail baissent fortement. Cependant, c’est un processus long pour arriver à ce résultat.
Les membres de l’OPEP+ comme l’Arabie saoudite s’interrogent donc sur le moins pire des scénarios. Cela se révèle être la perte de revenus liée à la baisse des prix. La perte de volumes du fait du ralentissement économique asiatique n’est pas souhaitable.